
Ève et sa famille, sans Romain, sont venues passer deux jours à Tougin. Je ne me souviens plus très bien ce que nous avons fait, mais c’était très agréable. Baignades, cuisine. Discussions. Le soir, Noé a eu une chance incroyable au jeu, trois scrabble avec quatre participants.
Noé, 20 ans, est content de son année universitaire, après quelques déceptions aux concours d’école d’ingénieurs.
— Finalement, c’est très bien, je ne fais que ce qui me plaît, des mathématiques.
Marius, 18 ans, lui, sort d’une année de fac en mathématiques appliquées aux sciences sociales.
Comme je leur disais que tout cela était bien trop conceptuel pour moi, ils m’ont expliqué avec conviction que la réflexion précédait la perception. Marius sortait d’un stage où ce genre de choses était étudié avec questionnaires et statistiques. L’effet placebo le passionnait.
Puis Arthur est arrivé. 2 ans et demi, il est venu avec ses grands-parents, Jean-Michel et ma nièce Caroline. Un petit garçon curieux de tout, attentif, pas ronchon du tout, s’accommodant de presque tout, rieur et habitué par ses parents à aller partout. Il ne quittait pas « Manou » et « Jami » des yeux, on ne sait jamais.
J’avais oublié l’extraordinaire capacité des petits à emmagasiner des nouveautés, des mots et des images, à passer des pleurs aux rires, à répéter cent fois « Manou, Manou, Manou… » en chantonnant. En tous cas, on était bien loin des concepts de mes petits-fils.
Je me suis rassurée en pensant aux sentiers du bord de mer que Noé s’apprêtait à parcourir dans la Bretagne sud. Il aurait tout le loisir de sentir le vent et le soleil sur sa peau, d’humer les senteurs marines en dehors de tout concept ;
— Je démarre à 10 heures du matin avec un pique-nique et quand je rentre à 19 h, je n’ai pas vu le temps passer !
Il aime bivouaquer avec ses amis dans les montagnes au-dessus de Grenoble, voir le lever du soleil
La veille, ils avaient regardé les feux d’artifice depuis les hauteurs du Jura avec leurs parents
Les deux garçons ont préparé le dîner de mon anniversaire. Ils avaient tout apporté de Grenoble et concocté des croque-monsieur raffinés accompagnés de salades inventives. Noé nous a offert de délicieux macarons faits maison. Un clafoutis aux abricots a spécialement plu à Arthur. Une belle soirée qui s’est terminée par la plantation d’un arbuste dans le jardin, chacun a versé une pelletée commémorative. Le petit et moi avons partagé d’une même main la dernière. J’ai dit en riant :
— Nous sommes ainsi unis jusqu’à la mort !
La mienne, lui avait le temps. De lui à moi, quatre générations !
J’ai reçu aussi un magnifique service à boisson en verre soufflé.
Le lac est toujours aussi agréable, ni trop froid, ni trop chaud. Arthur, harnaché dans une combinaison, avec bonnet et lunettes de soleil ne risquait pas les coups de soleil ! Quand je pense qu’on laissait les enfants barboter presque nus sur les plages. Les temps changent.
Agnès, notre nièce suisse est venue prendre le café avec Raoul. Elle a été infirmière pédiatrique à l’hôpital cantonal. Elle sait y faire :
— Préchi, précha, je mets ma chemise sur les bras, mon petit chapeau sur la tête… Je le jette par la fenêtre !
— Encore, encore…
Les étudiants les regardaient faire, attendris.
Puis, tout le monde est parti. De nouveau nous avons repris le travail, les lectures (une boulimie, en particulier 800 pages sur les Trois Glorieuses), et demain nous traverserons Genève pour aller à Nernier déjeuner avec nos amis des Voirons ainsi qu’avec Monique et son fils Jean-Marc en petite forme après le récent décès de leur mari et père.
— La vie, comme dit Maria.