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Une année finit, une autre commence. Peut-on en faire un bilan ? Leur liste s’allonge et celles qui me restent à vivre se font plus rares. Peut-on en tirer de la sagesse ?

En tout cas, 2019 se termine, comme la précédente, sous le signe des manifestations et des grèves. On n’y comprend toujours rien, à part le mal-être d’une population qui se sent frustrée. Tout le monde possède un avis sur cette réforme des retraites qui met en ébullition la SNCF et la RATP. Le gouvernement voudrait aligner les régimes spéciaux sur un système à point plus général. Il parait que la réforme qui se voulait juste est en définitive injuste et présage de lendemains misérables. On pense même à la retraite de ceux qui viennent de naître, comme si le monde pourtant déstabilisé par le changement climatique devait rester immuable. Les experts disent le tout et son contraire avec un aplomb qui forcerait presque le respect. Personne ne veut voir ses prérogatives entamées. Au risque de mettre en péril l’existence même des retraites.

Le vieux Badinter interrogé à la télévision s’est contenté de dire qu’il suffisait de voyager pour savoir que la France était le pays le plus verni en la matière. Puis il a cité la phrase du Général De Gaule : « Comment voulez-vous gérer un pays qui possède quatre cents sortes de fromage » ? Il a été à peu près le seul à évoquer le calvaire des travailleurs levés à l’aube pour aller travailler dans des conditions de bousculades infernales.

Il n’y a plus que 7 % de grévistes, mais à Paris tout est bloqué. Les piétons et les vélos font n’importe quoi, les accidents sont fréquents et les urgences des hôpitaux sont débordées. Empêchés de travailler pour la deuxième année consécutive, les commerces sont en péril, mais voilà qui ne semble gêner personne.

Il parait qu’il s’agit d’un soubresaut inhérent à tout changement de société et qu’il est indispensable de laisser faire pour éviter de dangereuses scléroses suivies d’explosions incontrôlables. En attendant, ils nous embêtent et je ne peux plus aller à l’atelier.

Là-dessus s’est greffée l’affaire Gabriel Matzneff, pédophile « assumé », que je connais par la Byron Society. Pourquoi tout d’un coup s’acharne-t-on sur ce vieillard démuni de 83 ans, qui porte encore beau et se pense toujours en « Gatsby le magnifique » ? D’accord, il a abusé de son pouvoir sur des très jeunes filles, en semblant ignorer qu’il les poussait vers des dégâts psychiques irréversibles. Plus encore, il a pratiqué un tourisme sexuel de petits enfants révoltant. Mais ses pratiques revendiquées et pourtant illégales avaient l’aval de la plupart des intellectuels et hommes politiques d’une certaine époque. Jusqu’à aujourd’hui, il n’a pas été inquiété et continue de publier chez Gallimard ses carnets intimes, dont récemment La jeune Moabite et l’Amante de l’Arsenal. La meute qui se rue sur lui m’évoque parfois un puritanisme assez hypocrite. J’approuve sans réserve la démarche courageuse de Vanessa Springora qui décrit trente ans après avec précision et simplicité les douloureuses conséquences de sa relation amoureuse alors qu’elle venait d’avoir quatorze ans avec un écrivain narcissique assuré de son talent, de son impunité et de sa notoriété. Mais je doute que le monde littéraire soit réellement sensible au sort de ces petites jeunes filles imprudentes et fragiles.  Leur féminité n’a guère de poids par rapport à  la célébrité et à la finance. Espérons tout de même.