Lundi matin.
Nos mini bagages bouclés, nous partons fermer Tougin pour l’hiver. Nous n’y resterons que deux jours.
Hier, en sortant du bistrot où comme presque tous les dimanches j’avais pris un café avec Pierre et Antoine, je suis tombée sur les 10 km de Paris. Fringants ou exténués, jeunes ou vieux, filiformes ou obèses les coureurs débitaient de la chaussée sous les encouragements d’un public familial, revêtus pour la plupart de tee-shirts rouges. Les organisateurs portaient des gilets jaunes plus pacifiques que ceux de l’année précédente à la même époque.
Comme je ne comprenais rien au parcours, un jeune organisateur m’a tendu l’écran de son smartphone. Il s’étirait sur la rive droite, allant et venant dans tous les sens, comme les contours d’un cheval mal fichu. Au carrefour de la rue Étienne Marcel et de la rue du Louvre, certains coureurs descendus de la Bourse côtoyaient ceux qui remontaient de la Seine. D’un côté, sous les encouragements quelques participants harassés, un homme à gros ventre qui boitait, un vieillard le nez sur le bitume, de l’autre une foule de jeunes filles, écarlates et essoufflées. Les plus rapides étaient déjà passés. Sur les dossards leur nombre dépassait 12 000.
La veille, quand j’ai pris le métro pour me rendre à l’atelier, une manifestation bloquait les Grands boulevards. Une marche contre les violences faites aux femmes. Un flot ininterrompu criait des slogans entre les trottoirs encombrés de touristes et de badauds. 45 000 participants, m’a-t-on dit. De l’agitation, du monde, et beaucoup de boucan !
Plus tard…
La gare de Lyon bourrée par des retards de train, puis le TGV un peu plus tranquille, enfin le car pour Gex, nous sommes arrivés à Tougin. Le Jura déroule ses crêtes, désertes et enneigées au-dessus de nos têtes. Il n’y a pas âme qui vive dans l’impasse. Les feuilles de la vigne vierge jonchent le jardin ensommeillé. La maison a vécu sans nous. On entend juste le chuchotement de la ventilation. J’ai tout de même joué un peu de piano. Puis j’ai laissé le silence reprendre possession de la maison.
Ça change de Paris !
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