
À peine ma dernière chronique envoyée, je lis un article d’un connaisseur des affaires militaires (j’aurai dû noter son nom et sa fonction…), qui contredit les déclarations tonitruantes de Wladimir Poutine et de Donald Trump.
Selon lui, malgré la production massive d’armement et l’enrôlement tous azimuts, l’armée russe se trouve dans l’incapacité de gagner contre des pays décidés à se battre. La corruption, l’absence de cohérence et de transmission des ordres, l’éparpillement des informations sur le terrain la rendent inefficace. Le but des menaces de Poutine serait de faire peur à l’adversaire pour le déstabiliser. On ne doit pas y céder.
Il est vrai qu’il y a 4 ans, déjà on avait cru que les Russes entreraient comme dans du beurre dans Kiev. Il avait suffi de quelques chars immobilisés sur la route pour les arrêter.
Quant aux déclarations fracassantes de Trump, faut-il en tenir compte ? Du jour au lendemain, il dit tout et son contraire.
Souvent les grands évènements de l’histoire sont survenus quand on ne s’y attendait pas. Faudrait-il plutôt poser son regard sur Taïwan qui juge une invasion chinoise imminente ?
Continuer de cultiver son jardin, de décrypter les mensonges, les faux semblants, de proposer l’écoute et la réflexion, de privilégier les forces de la vie à celles de la mort ? L’art y aide.
Dimanche, nous avons fêté les quatre-vingt-quinze ans de Nicole, la sœur de Gilles. Une personnalité ! Elle vit toujours chez elle, active, toute sa tête, bon pied. Pas bon œil, mais elle résiste :
— Je vais me faire opérer d’une greffe de la cornée, mon ohptalmo m’a dit que je suis partie pour vivre cent ans et ça vaut le coup.
Elle n’a pas sa langue dans sa poche. Une vivacité rare de nos jours où nous devons tourner mille fois la langue dans la bouche avant de parler.
Elle a joué au tennis jusqu’à quatre-vingt-cinq ans, fait du vélo jusqu’à quatre-vingt-dix. Fine et ridée, elle marche vite, élégante et pimpante. On avait craint pour elle, à la mort de Serge son compagnon de vie depuis 70 ans. Il n’en a rien été. Durant quatre mois d’été, elle vit dans un petit appartement en bord de mer, nage tous les jours, fait ses courses, a de nouvelles amies.
Dimanche, elle était entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants de la région parisienne. Nous étions une vingtaine chez son fils Ghislain, dans un ancien atelier aménagé du faubourg Saint-Antoine. Quatre générations réunies ! Les parcours se sont diversifiés, mais on sent une cohérence dont elle est le ciment. Pour combien de temps ? Cette incertitude fait le charme de ces rencontres. On profite de l’instant, on ne mégote pas, ce n’est plus le moment de chercher des poux dans les têtes.
On a à peine le temps de demander des nouvelles de chacun, de ceux qui vivent au Brésil ou au Mexique. Ceux qu’on a quittés adolescents sont devenus parents, des nouvelles têtes apparaissent, il faut s’y faire. Retenir les noms ? Gilles n’y parvient pas, moi de moins en moins.
Ce qui surprend le plus dans ce passage du temps, c’est justement l’arrivée des uns et le départ des autres. Les changements de mentalité, de tenues, de comportements. La roue tourne. Mais en dépit des différences, des constantes apparaissent. Un jeune adopte un mode vie original, en fait très proche de celui d’un oncle oublié qui a fait scandale en son temps. Des phrases entières ressurgissent mystérieusement de la brume du passé. Un enfant naît qui ressemble à l’arrière-arrière-grand-père.
On voit aussi que globalement les temps ont changé, que la planète n’est plus celle de notre enfance, les soucis non plus. Qu’il est bon de plonger dans ces bains familiaux avec la sagesse de l’âge ! Je comprends Nicole qui essaie d’en profiter au maximum. Elle lutte pour conserver son indépendance, sa famille n’a pas été épargnée par les difficultés parfois très lourdes des temps présents. Mais elle vit.






