Une dizaine de voitures stationnaient à l’entrée du sentier qui mène à la chapelle de Rianmont. Nous avons continué sur la route forestière avant de nous arrêter près du départ des parapentes. Dans la pénombre, il fallait veiller à pas se tordre les pieds et éviter les bouses de vache.
Derrière nous la lueur du soleil dessinait encore les crêtes du Jura et devant nous des épinettes basses masquaient d’un rideau sombre la plaine du Léman. A l’heure annoncée, nous avons cherché la lune en vain. La colline de Rianmont nous la cachait peut-être.
Elle a émergé des Alpes au-dessus des arbustes. Son grand disque orangé-rose se distinguait mal dans la brume de beau temps, mais il y avait dans le silence de la montagne, dans l’obscurité qui gagnait peu à peu la pente herbue sur laquelle nous étions assis, comme le déroulement d’une étrange cérémonie. Elle monta assez vite devenant plus distincte, bientôt rejointe par Mars, petit point étincelant sur sa droite. L’immensité de l’univers se déployait autour de nous, insondable.
Les lumières de Genève au loin semblèrent alors dérisoires. Nous étions sur une surface qui basculait dans l’infini du ciel. On voyait très nettement le mouvement de la terre par rapport aux deux planètes. Nous n’étions plus que des petits êtres sans défense sur un radeau mouvant. Nous nous trouvions dans l’infini sidéral, en face du mystère de la vie. Par quel miracle la brise de montagne soufflait-elle, les grillons chantaient-ils, le sang circulait-il dans nos veines ?
La terre semblait si fragile, mise en danger par la folie des hommes….
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