Bellegarde-sur-Valserine (Valserhône) - CCPB01

De retour hier soir. Pas facile d’écrire dans la canicule de Paris, les murs ont chauffé durant notre absence. Nous avons quitté une température agréable, des bains du matin dans un lac à 22 degrés, la plage à peu près déserte, un village très calme dont beaucoup d’habitants étaient partis pour profiter du mois de septembre sans touristes, les crêtes sans un nuage.

Nous avons débarqué vers 23 h 30 gare de Lyon, puis dans le jardin des Halles, comme sur une autre planète. Les jeunes noirs des quartiers de banlieue dans des bruit de musique parlaient fort en groupes profitant de la température plus clémente de la nuit. Les supporters Néozélandais venus des antipodes pour la Coupe du monde de rugby trainaient de hautes silhouettes un peu déconfites. Les Français avaient gagné le premier match au Stade de France, pas beaucoup de cris de victoires, le rugby ne suscite pas dans notre pays le même enthousiasme que le foot.

A la suite du retard du car et d’un accident sur la route, nous avons raté le TGV. Nous avons dû attendre le suivant à Bellegarde. Les deux heures passèrent vite. Nous avons sorti notre casse-croute et dîné assis à une grand table de bois à la fraîche en regardant les montagnes s’estomper dans la nuit. Une quantité de jeunes attendait le départ des cars vers la montagne assis sur l’herbe, gros sacs à dos et bâtons de marche. Un couple d’amoureux qui partait faire le tour du Mont Blanc a posé son pique nique au bout de notre table. Venus de Saint-Malo, ils bivouaquaient, montant leur tente dès qu’ils trouvaient un petit coin d’herbe. Après leur départ, plus stressé et plus âgé, un autre couple a demandé à partager notre table, je crois qu’ils se disputaient à propos des corvées de la randonnée. Comme l’heure de notre train approchait, j’ai dit en partant, montrant leurs sacs à dos :

— Au revoir. Vous en revenez ou vous y allez ?

Un peu grognons, ils ont répondu :

— Les deux.

— ?

— Oui, on vient de Corse et on va à Chamonix.

— Vous allez faire le tour du Mont Blanc ?

La course de l’ultra trail vient de se terminer, mais elle pouvait leur avoir donné des envies. Ils étaient au-dessus de ça !

— Non, on va faire plusieurs sommets, de l’escalade.

Et beh ! Des supersportifs ! Leur matériel désignait un usage intensif.

— Vous devez avoir des super mollets !

Ils ont approuvé de la tête avec un vague sourire.

Le voyage fut sans histoire, sauf qu’à Bourg, le contrôleur eut toutes les peines du monde à faire descendre une passagère clandestine.

Oui, nous sommes en escale pour la Sicile. Nous partons demain depuis Roissy. Nous sommes invités par Marina, une amie de Gilles du Café Homérique. Elle nous a dit que la température y était agréable, moins de 30°, rien à voir avec les 36° actuels de Paris.

Je veux tout de même revenir un instant sur notre visite à Alain dans sa maison de retraite à Genève, EMS (établissement médico-social). Nous avions été pris dans les fantaisies de la signalisation helvétique en désaccord avec le GPS et une fois de plus la traversée de la ville s’était muée en parcours du combattant. Nous sommes arrivés en retard et Alain, fatigué n’était plus très présent. Nous avons été sidérés une fois de plus par la qualité de vie des Suisses. Une fin de vie dans un parc aux arbres centenaires, le conjoint s’il est valide peut être logé dans un immeuble adjacent. Nous avons déjeuné dans un restaurant ouvert à tous, avec terrasses d’été, jardin d’hiver, jardin de demi-saison à l’abri du vent, personnel en tenue de steward et d’hôtesse de l’air, le cuisinier toque sur la tête. Architecture des années soixante-dix. Laurette nous a fait visiter son appartement de 110 mètres carrés avec vue sur le parc et la montagne. Un complexe social destiné à tous.

On se pincerait presque pour se rappeler la misère du monde, les difficultés de la minorité de plus en plus nombreuse qui rame pour survivre dans nos pays occidentaux !