Youpi ! J’ai enfin réussi mon gratin dauphinois à la saucisse de Montbéliard !
Finalement, après de très nombreux échecs, dimanche j’ai opté pour une cuisson lente et ça a marché ! Moelleux, saucisse juteuse, cristouillis doré. Impeccable ! Nous recevions nos bons vieux amis, les VDH. Nos fils, amis inséparables jusqu’à leurs dix ans ne s’étaient pas revus depuis quarante ans et se sont à peine reconnus. Ce fut une bonne après-midi !
Benoit a vécu en Lithuanie, puis en Bulgarie. Il a épousé Sotera, une Lithuanienne d’origine tatare. Ils ont deux enfants et vivent depuis deux ans près de Rambouillet dans une belle longère isolée au milieu des champs, domaine qui leur appartient depuis que Régis et Brigitte ont fait leurs partages. Benoit est ingénieur du son pour les événements de la communauté de commune de Saint Quentin en Yvelines (en ce moment, pour les futurs Jeux olympiques) et Sotera est en télétravail dans une société internationale sur le suivi des prescriptions médicamenteuses.
Conversations passionnantes sur leurs expériences post soviétiques. Sotera a beaucoup évoqué la peur qui obligeait les gens à se sourire, à ne rien critiquer, à se méfier de tous, y compris de sa propre famille, une peur qui aujourd’hui encore réduit les parents et les grands-parents au silence sur les années soviétiques. Une peur, entretenue par Poutine et le traçage internet, une peur qui depuis la guerre se répand plus que jamais dans la Russie tout entière, comme une seconde nature à laquelle nul ne peut échapper, qui pourrit la vie et détruit tout esprit d’entreprise. Elle aussi fait une différence entre Moscou, Saint-Petersbourg et le reste du pays, sans qu’on sache en quoi cela pourrait changer le sort de la Russie.
Art Paris. Un salon, à l’origine modeste, créé en réaction à la FIAC, sorte de salon des refusés. Aujourd’hui, il réunit des galeries du monde entier. Il s’y conclut beaucoup d’affaires. Une directrice de galerie m’avait gentiment conseillée d’aller y faire un tour puisqu’il avait lieu à côté de mon atelier. Une façon comme une autre de rester au courant des tendances actuelles, ce que je fais rarement. J’ai pensé à mon ami David Azuz, peintre de talent, qui disait :
— Je ne vais plus voir d’expositions. Si ce n’est pas bien, ça me rase, si c’est bien, je suis jaloux !
Il m’avait fait rire. Pour ma part, je ne suis pas jalouse, chacun peint à sa façon. Mais j’y vois peu de choses qui me touchent ou m’étonnent. L’art actuel est trop cérébral pour mon goût et depuis quelques années, il se doit d’être aussi visible que neutre. Il en résulte des dimensions excessives, des techniques impeccables qui nuisent à ma tendresse pour l’humaine imperfection.
Après une après-midi de travail et après avoir mis un four de céramique en route, je me suis donc dirigée vers le Palais Ephémère qui remplace en ce moment le Grand-Palais en réfection.
Du côté de la porte ouest, pas de file d’attente. Je m’avance entre les rubans de signalisation quand je comprends qu’il s’agit de l’entrée des exposants et des VIP. Un jeune homme s’approche et me dit avec une simplicité déconcertante :
— Je dois biper votre badge.
— Quel badge ?
— Votre badge de VIP.
Comme je le regarde, étonnée, il me dit :
— Sinon, si vous êtes invitée, on a dû vous donner une carte d’invitation.
Je lui réponds sur le ton de la blague :
— En fait, je suis VIP, mais pour des raisons un peu compliquées, je suis une VIP sans badge.
Et je m’apprête à faire demi-tour.
Il m’arrête :
— Vous allez vers l’entrée principale pour acheter un billet ?
Et comme je hoche la tête, il poursuit :
— Vous n’allez pas faire ça !
Il sort de son sac une carte à puce et me la met dans la main.
Je lui demande ce que je lui dois :
— 20 euros !
— À l’entrée principale, c’est combien ?
— 36 euros.
Surprise, je lui dis :
— C’est honnête tout ça ?
Le regard offensé des deux autres gardiens me fait accepter la proposition.
C’est ainsi que je suis entrée tranquillement par la porte des VIP. Il y avait un monde fou. Du beau monde ! Beaucoup de tableaux, de journalistes. Les conversations entendues çà et là m’ont laissée penser que le marché de l’art se porte bien. Après plusieurs tours, donc des kilomètres dans la foule, j’en suis sortie exténuée, mais, ironie de l’histoire, encouragée à me lancer dans un grand format…
Au retour, dans le métro bourré du samedi soir, je fus touchée de voir une jeune femme dessiner les passagers sur un gros carnet de croquis.
Par la suite, je me suis aperçue que le badge était valable pour toute la durée du salon, mais je me suis contentée de cette visite. Depuis, je prépare un support carré en carton d’un mètre cinquante et ce n’est pas une mince affaire !
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