Nous voici en 2021 ! Qui aurait cru, il y a un an, à la survenue de l’épidémie de la Covid 19 et à ses conséquences : confinement, déconfinement, reconfinement, commerces à l’arrêt, secteurs touristique et culturel anéantis, à une crise mondiale d’une telle ampleur ?
Pour autant, l’année 2020, contrairement à beaucoup d’autres, ne m’a pas paru aussi interminable que ça. J’ose à peine écrire que malgré la crainte de la contamination et le désastre économique annoncé, j’y ai trouvé des avantages. J’ai savouré le calme de Paris dans un printemps ensoleillé, l’occupation clairsemée du métro vers l’atelier, l’accueil paisible des terrasses de cafés débordant largement sur les trottoirs avant la deuxième vague. Nous avons apprécié le retour à Tougin en octobre et novembre, le flamboiement des hêtres sur le Jura et les feux dans la cheminée, même si le reconfinement nous a empêchés de pousser jusqu’au Léman.
Nous avons continué de voir nos amis tout en obéissant aux gestes barrière. On peut même dire que ces rencontres en petit comité nous ont réappris des liens amicaux et tranquilles. Les fêtes de fin d’année se sont plutôt bien passées.
Naturellement, nous avons eu peur pour les êtres chers qui se sont battus des semaines contre la maladie, nous avons pleuré ceux qui ont succombé, et ce n’est pas terminé ! Le vaccin se met difficilement en route ; la bureaucratie française retarde sa distribution. Les effets des fêtes ne sont pas encore connus et risquent d’être importants si l’on en juge par les conséquences du Thanksgivingday aux USA. Une souche beaucoup plus contagieuse se répand en Angleterre. Les funérariums sont débordés, les hôpitaux à la limite de leurs possibilités. On ne doit pas baisser la garde.
Le vaccin commence ses effets seulement après une quinzaine de jours et nécessite une seconde injection après la troisième semaine. Les doses doivent être conservées à – 80 degrés, ce qui rend leur approvisionnement particulièrement difficile à gérer.
Mais nous avons survécu et c’est toujours bon à prendre.
En revenant de déjeuner chez Florence, nous sommes passés par le jardin des Halles. Une foule de jeunes venus de banlieue s’y pressait. On aurait dit que Paris symbolisait la liberté. Beaucoup piqueniquaient joyeusement sans leurs masques sur les banquettes en ciment, dans le vent et le froid.
Le contraste entre ces jeunes et la coupole du nouveau musée d’art contemporain financé par la fondation Pinault (celle de la Dogana à Venise) m’a frappée. Son ouverture est prévue pour la fin du mois. Qui a-t-il de commun entre ces jeunes souvent originaires d’Afrique et d’Asie, vivant la plupart du temps dans des banlieues déshéritées, et cet art commercial à la fois sophistiqué par la technique et sommaire dans ses concepts ? On peut espérer que ce n’est pas une déculturation galopante, une déshumanisation destructrice et la seule fascination de l’argent.
Mais en réalité, il se dégageait de la plupart d’entre eux une vitalité revigorante ! Il faudra bien qu’on se réinvente, qu’on apprenne à vivre en tenant compte des leçons du coronavirus, la main dans la main, et J’ose espérer qu’on pourra compter sur leur relève.
Vive la nouvelle année !
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