• Semaine du 14 au 21 octobre 2025

    Les otages israéliens ont été libérés la semaine dernière. Grâce à l’action de Donald Trump, président des États-Unis.

    Voilà plus de six ans que je déblatère contre cet homme dont les actions contre la démocratie se sont multipliées, empilant mensonges, licenciements arbitraires, mépris des femmes, atteintes au droit à l’éducation, à la santé. Imprévisible, pulvérisant toute logique, manipulateur médiatique. Grossier, admiratif et soumis à Poutine. Le mépris insondable qu’il porte sur ses adversaires, son rejet sans frein de l’émigration, l’arrêt total et sans nuances de l’aide aux pays défavorisés semblaient lourdes de conséquences dramatiques.

    On voyait bien qu’en homme d’affaires, il n’aimait pas la guerre. Mais lorsqu’il a évoqué l’avenir de la bande de Gaza détruite à 80 %, pour en faire une Riviera, on s’est dit qu’il s’en accommodait. Il commençait à envoyer l’armée sur son propre pays et je me disais qu’en ces domaines, il suffit de s’y mettre. Son ambition d’obtenir le prix Nobel me semblait absurde et risible.

    Qu’est-ce qui a bien pu le pousser à exiger et obtenir en quelques semaines la libération des otages dont le refus par le Hamas avait causé la mort d’une centaine de milliers de civils par les bombardements et la faim, la fuite de cinq cents mille autres ? La situation était-elle mûre ? Assurément ! Mais j’ose, chers lecteurs, vous évoquer un épisode, passé assez inaperçu à l’époque.

    Lors d’une rencontre à la télévision. À la face du monde, Trump avait humilié Zelensky, lequel venait chercher du secours contre l’invasion de l’Ukraine. L’Américain de sa haute taille, de son image de cow-boy avait pulvérisé le petit homme en chandail militaire dont le visage épuisé trahissait l’inquiétude pour son peuple.

    Un silence s’en est suivi, qui a soudain pris du poids. Zélensky n’a pas bougé. Il est resté lui-même. C’est alors que la force a changé de camp. Le courage, la dignité et l’humanité de son côté, il représentait le refus de l’oppression, le droit à la liberté. Tout petit, nu, presque seul, il a tenu bon.

    Le temps faisant son ouvrage, une graine a pu germer chez Trump, assez solide pour lancer le bulldozer américain vers la paix.

    Une vision idéalisée des événements actuels ?

    Nul ne connaît l’avenir. Les difficultés du Proche-Orient n’en sont pas pour autant terminées, mais c’est déjà énorme.


  • Déjeuner et théâtre entre amis

    Automne à Paris. Quelques jours de soleil. Je regrette de ne pas avoir le temps d’un café au soleil comme autrefois.

    Nouvelle démission d’un nouveau premier ministre (27 jours).

    Cette semaine, nous nous sommes réunis avec Marie dans le restaurant situé au pied de chez les Christin à deux pas de la Seine. Pierre connait le patron-cuisinier depuis toujours. Les choix se portèrent sur des moules marinières.

    Nous étions au fond du restaurant, entourés d’une sorte de musée, une voiture à pédale pour enfant sur le palier de l’étage, un grand compas de bâtisseur accroché au mur… De grosses poutres de chêne nous séparaient du bar.

    — Ce sont les mêmes qui passent chez nous, deux étages plus haut, dit Pierre.

    Nous étions comme à des kilomètres de la rue, envahie aujourd’hui de restaurants touristiques. Nos conversations tournèrent autour des forts des Halles que Pierre et Nicolle avaient bien connus. Ils évoquèrent celui, énorme, jovial et alcoolique, qui dormait dans une remise sans fenêtre depuis qu’il avait surpris un homme dans son lit conjugal. Ils racontèrent comment le quartier fut vidé de ses occupants, la plupart très pauvres, pour construire le nouveau quartier. Comment des escaliers furent détruits quand ils s’absentaient. Ils évoquèrent la résistance d’une vieille femme aidée par un entourage efficace.

    Nous avons continué chez eux autour d’un petit verre de kirch provenant du Chablais.

    Nous parlions de nos problèmes de mémoire. Marie dit :

    — Maintenant, je fais des listes.

    J’ai dit :

    — Il parait que ça empêche d’exercer sa mémoire !

    Pierre a continué en riant :

    — Et on peut oublier la liste !

    Il s’y connait. Depuis plus de soixante ans, il va chaque jour rue Montorgueil, sac au bout du bras, reconnaissable de loin, désormais barbe et cheveux blancs.

    Cette semaine, nous sommes allés au Théâtre de poche à Montparnasse voir Petites misères de la vie conjugale, de Balzac. Émilie qui avait participé à la mise en scène nous avait écrit : féroce hilarant et servi par de grands acteurs.

    Françoise venant de Genève, nous avons réservé des places. Puis j’ai téléphoné à Claudine. Nous avions plusieurs fois cherché à la rencontrer sans succès. Genevoise jusqu’à son mariage, elle habite à Montparnasse. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à l’entrée.

    — Tu as lu la présentation de la pièce, sur Internet ? me dit-elle.

    Devant mon ignorance, elle continua :

    — En fait, j’ai un peu hésité à venir. Balzac, c’est un peu vieux. À la sauce MeToo, il y a de quoi s’inquiéter !

    Assez perplexes, nous sommes descendus dans la petite salle du bas retrouver un public composé en majorité de personnes de notre âge, mais aussi de pas mal de jeunes d’une vingtaine d’années.

    Décor intimiste, une chambre à coucher, lumières chaudes. Le spectacle commença avec quelques lenteurs, accumulant les lieux communs du 19e siècle, misogyne comme on s’y attendait.

    Mais peu à peu, s’insinua dans les propos balzaciens un ton qui nous fit tendre l’oreille. Le duo échappait à toute interprétation hâtive. Les travers du mari succédaient à ceux de la femme avec une liberté, un humour et un brio étonnants. Oui féroce ! Mais tendre à la fois. Avec une indulgence à laquelle on n’est pas habitué. Le jeu des deux acteurs tenait un peu des séries télévisées. L’actrice, également danseuse de profession, avec une diction impeccable exprimait mille sentiments successifs, courrait, sautait, dansait, s’immobilisait avec grâce. L’homme tenait sa place, à la fois odieux et touchant. Un spectacle vivant, subtil, inclassable, qui fut ovationné et nous laissa sur le boulevard, ravis de notre soirée. Une soirée que nous avons terminée au coin de la rue de la Gaieté, dans une brasserie, « La liberté ».

    Nous avons discuté avec plaisir de tout et de rien, du passé, de Genève. Claudine est une mine d’histoires concernant le monde artistique parisien. Mais le bruit augmentait et devenait de plus en plus difficile à couvrir. En fait, les trois grands écrans sur les murs retransmettaient un match de ligue : Barça contre PSG. Les buts étaient salués par des hurlements. … À croire que nous attirons les matchs de foot !

    Claudine s’est excusée :

    — Je connais bien cette brasserie. D’habitude ce n’est pas si bruyant !

    Nous l’avons rassurée :

    — Oui, c’est bruyant, mais très sympathique !

    À la sortie, en enfilant nos manteaux, nous avons blagué avec deux jeunes hilares dont nous bouchions la vue d’un quatrième écran.


  • Notre voisin, monsieur Vallois

    La vie parisienne a repris après la parenthèse de l’été. Comme si de rien n’était, peut-être un peu trop. Un désir d’aventures me traverse la tête et le corps, malgré ou à cause de l’agitation qui m’entoure. Comme c’est étrange, à mon âge ! Je marche dans les rues, je travaille à l’atelier en attente de je ne sais quoi.

    Je pense à Tinka repartie dans la vie après le décès brutal de son mari. Elle a terminé son pèlerinage, Bilbao, Compostelle (700 km). Elle m’a envoyé un message :… tout ça m’as donné la force pour continuer maintenant, avec la vie et surtout l’art.

    Luce a attendu septembre pour partir. Sur les traces de Tinka ? C’est possible ! J’ai choisi la voie d’Arles,… je dors ce soir à Lunas,… 200 km depuis le début.

    Elles m’impressionnent. Leur recherches, leurs espoirs sont un peu les miens, mais elles sont jeunes, l’avenir s’ouvre devant elles.

    Nous avons invité notre voisin du dessous, monsieur Vallois, 70 ans environ, à venir prendre le café. Il n’y a pas plus casanier que lui. Son épouse vit dans le midi à Forcalquier, elle ne supporte pas Paris. Il la rejoint de temps en temps pour débroussailler leur jardin. Un ménage volontairement sans enfant. Il s’est passionné pour l’astronomie après une carrière de direction dans les grands travaux des Ponts et Chaussées et passe beaucoup de temps sur Internet.

    Il nous a dit :

    — Je n’ai plus envie de voyager. Je me souviens de mon enthousiasme en découvrant New York à 30 ans, j’ai travaillé en Afrique, mais maintenant, cela ne me dit plus rien.

    Je lui ai dit :

    — Vous pourriez faire un saut à Londres. Ça vous changerait !

    — Je pourrais consulter des livres qu’on ne trouve pas  ailleurs, mais je n’ai plus envie !

    Monsieur Vallois reste à Paris en août, à peu près seul dans l’immeuble et s’en trouve bien. Il a la gentillesse d’arroser nos plantes. Il le fait avec une discrétion rare. Quand Gilles a proposé de l’appeler par son prénom, il a répondu, gêné :

    — Je regrette, mais je ne pourrai pas, je n’en ai pas l’habitude !

    Nous y allons des « monsieur et madame » qui ne cèdent pas aux décennies. Mais nos rencontres sont, lentement mais surement, de plus en plus confiantes.

    Lundi dernier, il nous est apparu assez inquiet. Il a fini par nous confier qu’il devait subir une opération du genou en octobre. En fait, on lui posait un substitut de cartilage, une opération relativement bégnine.

    Nous avons beaucoup parlé des nouvelles technologies, de leurs conséquences sur le monde actuel. Passionné par l’intelligence artificielle, il lui pose des tas de questions pour vérifier sa fiabilité.

    — Par exemple, je lui ai demandé quelle était mon espérance de vie.

    — Alors ? ai-je osé, estomaquée.

    — Huit ans !

    J’ai sauté au plafond :

    — Ce n’est pas beaucoup, nous serions déjà morts !

    À notre connaissance, à part cette histoire de genou, il se porte très bien.

    Il a dit :

    — Ma belle-mère est décédé cet hiver à l’âge de cent-cinq ans. J’avais demandé son espérance de vie à l’IA. Elle ne s’est trompée que de quelques semaines.

    Nous avons continué sur ce ton, en grignotant des macarons de chez Stohrer. Il faut reconnaître qu’on ne s’ennuie pas à l’écouter, nous apprécions ses points de vue originaux, lucides et cependant bienveillants sur notre immeuble et ses occupants. Il vérifie les comptes de la copropriété avec un calme et une efficacité précieuse.

    C’est presque avec tendresse, qu’en le raccompagnant sur le palier, je lui ai dit :

    — Au revoir, monsieur Vallois. À bientôt.


  • L’auberge du roi Gradlon

    Quelle différence avec Tougin !

    Nous retrouvons le rythme parisien. C’est à peine si je me souviens du début de la semaine. Le métro de plus en plus bondé remplit plus d’une heure de mes journées. Je cherche des itinéraires, des parcours avec escalators pour ménager ma tendinite. Les travaux de réfection des rues rendent les trottoirs périlleux, les itinéraires de bus aléatoires.

    Mais je ne regrette pas. Il est un temps pour tout. Le soleil disparaissait de plus en plus tôt derrière le Jura, le lac restait chaud, mais les sorties des bains devenaient difficiles. Et surtout, mon four me manquait pour émailler les pièces de céramiques modelées durant l’été.

    Nous avons quitté avec regret nos amis de là-bas (l’opération de Jacqueline s’est bien passée, ouf !), nous retrouvons avec plaisir ceux de Paris. C’est comme ça ! dit Nicolle, qui vit la même chose entre Paris et Évian.

    Dimanche, nous sommes allés voir le spectacle de Diane-Iris, une jeune amie de Démodocos. Elle l’a écrit, mis en scène et joué avec deux partenaires masculins au théâtre de l’ENS. Formation de danseuse professionnelle, études à Normale Sup, spécialiste des rythmiques gestuelles de la Grèce antique, cette surdouée, belle comme le jour, souple comme une liane s’est penchée sur l’importance des réactions du corps. Les difficultés de communication, les obstacles aux élans qu’elles impliquent. Une recherche de l’harmonie du non dit qui nous parlait à tous (salle comble). Dans un flash, elle est apparue avec son chat dans les bras, un énorme chat dont la fourrure fauve et blanc débordait de partout.

    Mais l’événement de la semaine fut la fête Farge. Toute une histoire !

    Depuis de très nombreuses années, nous nous réunissions à Pontoise aux alentours de La Toussaint dans un restaurant près de la maison de notre enfance, ou à Livilliers chez Marc et Catherine. Nous, c’est-à-dire Jean, avant son décès, Yves, Marc, Hervé et moi, « les Survivants », comme nous nous qualifions, et nos conjoints disponibles. Réunions simples et familières, il est dans notre nature de ne pas nous casser la tête en tralalas ou en obligations diverses. Un vieux reste de famille nombreuse ? Christine, la fille de Jean, et Dominique, celle de Philippe, qui travaillaient à proximité nous rejoignaient au café, durant la pause de midi.

    Cette année, la santé d’Arlette ne permettait pas à Yves de s’éloigner. Ils habitent dans le quartier des Gobelins à Paris. C’est Hervé qui a eu l’idée d’une rencontre dans un restaurant au pied de chez lui. Il pouvait monter à tout moment en cas de nécessité. Les rendez-vous ont été pris. Mais cette semaine-là, la canicule sévissant sur la France, il fallut la repousser.

    C’est Marc qui proposa alors de demander à la génération suivante habitant dans la région parisienne de se joindre à nous. Les messages à peine partis, le succès fut fulgurant. Et nous nous sommes retrouvés samedi dernier plus d’une trentaine à l’auberge du roi Gradlon sur le boulevard Arago.

    Yves s’était occupé de réserver le restaurant, d’établir un devis, d’envoyer les listes de participants.

    Ce fut une réussite ! Les trois générations ont pu se parler en toute liberté autour d’un buffet. On se levait, changeait de place, sur la terrasse feuillue ou au sous-sol. Chacun a pu raconter ce qu’il faisait, écouter l’autre. Oui écouter ! Les vieilles pierres de la cave ajustant les sons avec bonheur, un privilège rare dans les restaurants de Paris. Ce furent des mouvements agréables, des attentions délicates pour les conjoints un peu étonnés. On partageait des souvenirs, inventait l’avenir, savourait le présent. Des parcours d’une grande variété. Un moment rare et précieux.

    À la fin, nous nous sommes tous réunis en bas. Yves a pris la parole en remerciant chacun d’être venus, Marc a blagué comme d’habitude, Hervé a rappelé la continuité de la famille, notre neveu Denis n’ayant que deux ans de moins que lui.

    Je devais dire quelque chose à mon tour. Comme rien ne venait, peut-être aspirée par la nécessité d’introduire l’instant dans le silence des futurs souvenirs, je suis restée coite. Véronique a dit : « Il faut pourtant bien conclure ! » ou quelque chose comme ça. Alors j’ai dit, en trébuchant un peu :

    – C’est super qu’on soit tous là ! Super de super !

    Et j’ai levé les bras en l’air, en balayant l’assistance d’un sourire ému. Et tout le monde a répondu d’un seul geste.

    Notre père était avocat, son fils Marc aussi, son petit-fils Matthieu également, son arrière-petit-fils Leo vient de passer son diplôme d’avocat, et son autre arrière-petit-fils Hadrien vient d’entrer à la fac de droit. J’aurais pu mieux faire, mais ce n’était pas si mal !


  • Retour Paris.

    Derniers bains.

    Dernières rencontres.

    Françoise et ses collections glanées autour du monde.

    Henriette et Lionel. Déjeuner au tennis club. Le piano de Lionel, Bach, un poignant impromptu de Schubert.

    Olivier, Stéphane et Hilary pour un café chez nous. Une dernière fois dehors au soleil.

    Café chez Marcel et Jacqueline, Jacqueline en attente d’opération à l’hôpital d’Annecy.

    Ménage et rangements. Une année à toiles d’araignée.

    Gilles commence à tailler le jardin pour l’hiver. Contrôle technique de la voiture.

    Emballage des céramiques sorties du four et transportées à Tougin par Enricke.

    Retour des livres à la bibliothèque de la ville. Christophe.

    Agnès et La Fontaine.

    Dimanche, fermeture de la maison. Volumineux carton contenant la moitié des céramiques de l’été, plus une valise. Notre voisine Françoise nous conduit en voiture au car.

    Merci à tous.

    Dans le train, Pierre et Nicole, eux aussi de retour à Paris. TGV asthmatique.

    Gare de Lyon, taxi, on shunte la file d’attente. Le centre de Paris est encombré par le marathon.

    Le lendemain, transport en taxi du carton vers l’atelier et mise en route d’une cuisson.

    Et j’en passe…

    Résultat : une trachéite carabinée.


  • Dernière semaine à Tougin

    Un regain d’été nous a conduits à Morges au salon du livre devant un lac idyllique. Une foule de promeneurs venus de Lausanne et de Genève déambulait le long des quais. Au retour, nous nous sommes arrêtés à Mies et nous avons nagé dans une eau à 20 degrés. Peut-être notre dernier bain.

    Mais la saison se termine, le soleil a tourné. Désormais, la table de jardin est à l’ombre dès midi. On déjeune sur la petite table blanche au soleil de l’autre côté de la plate-bande. Je me réchauffe après la baignade sur la chaise longue du fond, non pas que l’eau soit vraiment froide, mais l’air en sortant saisit un peu. L’automne arrive à grands pas.

    Dernière festivité, la fête annuelle du village nous a réunis sous les arbres centenaires du « parc », avec boissons, plats et desserts savoureux. Nous avons beaucoup évoqué le passé, les anciens disparus, les histoires d’autrefois. Les Anglais nous écoutaient avec attention, surtout les nouveaux propriétaires de la maison Péaquin. Une maison de légende.

    En 1974, les Péaquins nous ont vendu la maison qu’ils occupaient depuis leur mariage après la guerre, quittant ainsi la vieille ferme familiale datant de 1819, pour construire en face, de l’autre côté de la rue, celle que John et Emma ont achetée au printemps. Une grosse maison sans grâce, mais agréablement située dans un vaste jardin en pente avec vue sur les crêtes du Jura et ses découpes mystérieuses.

    Emma a l’intention d’utiliser l’atelier de monsieur Péaquin situé en bas au ras de jardin pour peindre et décorer de vieux meubles trouvés dans des brocantes. Elle a dit :

    — Là où il réparait des chaussures.

    Jacqueline l’a reprise :

    — Oui, il a été cordonnier, mais sa boutique était en ville. C’était avant.

    Marcel a précisé :

    — Il est devenu riche lorsqu’il a vendu les terrains de sa femme pour la construction des Vertes Campagnes, immeubles et supermarché. Par la suite, il a travaillé au BIT à Genève dans la messagerie.

    J’ai dit :

    — Il avait perdu une jambe dans un accident de moto. Nous avions hérité d’une collection de jambes artificielles, et même d’un simple pilon.

    Sont remontés des souvenirs étranges. Monsieur Péaquin rentrant chaque soir dans sa grosse Mercédès noire, en costume cravate et chapeau de feutre. Sa passion pour l’opéra, dont il écoutait les disques dans son atelier, sono à fond. Il réparait les horloges comtoises et les pendules de ses amis, stockant des pièces introuvables. Il bichonnait un potager tenu au cordeau et n’ouvrait pas la bouche. Les enfants n’avaient aucune chance de récupérer les ballons qui passaient par-dessus le muret.

    Des bruits ont couru qu’il menait par ailleurs une vie de patachon. Nous l’ignorions, mais ils furent confirmés à sa mort par sa femme, devenue intarissable sur ses maîtresses et le détail de ses aventures qu’en fait tout le monde connaissait sans jamais l’avoir dit.

    Madame Péaquin, une femme blonde et solaire, un peu forte était un puits d’histoires locales, toutes plus extraordinaires les unes que les autres, sur les veillées lorsqu’elle était enfant, sur les ravitaillements des maquisards pendant la guerre. Elle était la mémoire de chaque maison du hameau. Elle aimait les fleurs, fière d’avoir gagné le concours des maisons fleuries et soignait sa maison avec la même passion que son mari le potager.

    À la fin de sa vie, elle fut pensionnaire de l’EHPAD voisin. Elle y fut heureuse. Sociable, elle avait enfin trouvé une compagnie que le caractère de son mari avait fait fuir.

    Durant vingt ans, sa maison resta vide. Mais chaque matin sa voisine Jacqueline, nommée curatrice, ouvrit les volets, chaque soir les referma, Denis entretint ses géraniums et chaque printemps replanta ses dahlias.

    Nos amis nous ont parfois posé des questions sur cette maison pimpante mais inoccupée. Nous répondions :

    — C’est une maison fantôme.

    Et les enfants ouvraient de grands yeux.

    Madame Péaquin est morte il y a deux ans à l’aube de son centenaire. La maison trouva vite un acquéreur, mais resta déserte de longs mois pour des raisons de prêts à la construction. Jacqueline et Denis continuaient de s’en occuper.

    Finalement nous avons vu apparaître John et Emma. Ce fut une toute autre histoire.  Anglais « écolos », ils ont laissé pousser les mauvaises herbes, planté quantité d’arbres, dont un chêne truffier. Ils ont tout cassé à l’intrieur, cloisons, cuisine, salle de bains.

    Emma nous a dit :

    – Venez donc après la fête, nous vous montrerons.

    Mais Gilles en rentrant s’est effondré dans un fauteuil et s’est endormi.

    Quand le lendemain, je suis allée m’excuser. John une bêche et une pioche dans les mains a dit avec son accent très prononcé et un sourire ravi :

    — J’adore faire le jardin, nous adorons cette maison. Nous pensons nous y installer en mars prochain.

    Nous partons dimanche et la semaine prochaine s’annonce estivale !


  • Musée cantonal de Lausanne.

    Cette semaine, nous avons décidé de décrocher de Tougin. Nous n’avions pas bougé depuis la balade à Nernier, début juillet. Nous n’étions même pas montés dans le Jura, peut-être à cause de la chaleur. Ca ne pouvait pas durer !

    Nous avions vaguement entendu parler de la réouverture d’un musée d’art contemporain à Lausanne, c’était le moment ou jamais d’aller faire un petit plongeon dans le monde des installations, des performances, des immenses toiles, des bricolages inspirés. J’avais besoin d’être bousculée.

    Sur l’autoroute, on a vu les Alpes dessiner ses pics, ses dents, ses crêtes, ses monts au-dessus du lac, avec une précision annonçant la pluie pour le lendemain. Un léger nuage effiloché cachait le sommet du Mont-Blanc.

    Il n’est jamais facile de se retrouver dans le dédale étagé de Lausanne et nous avons raté l’entrée du parking, nous obligeant à nous garer à cent mètres de dénivelé du musée. Très mauvais pour la tendinite qui me tourmente ces temps-ci. Sans vergogne, j’ai pris l’ascenseur d’un immeuble ce qui m’a fait gagner huit hauteurs d’étages au grand dam de Gilles.

    Un grand et long bâtiment s’étendait devant les voies ferrées. Il abritait plusieurs musées, théâtre et organisations culturelles, selon le système suisse des fondations.

    Nous sommes entrés dans un vaste hall, accueilli par un arbre de Penone. Encore plus élevé peut-être que celui qui a trôné durant une année sur le parvis de la fondation Pinault à Paris, il était entouré d’une sorte d’essaim d’abeilles dorées.

    — Bronze et or, précisa la femme à la caisse.

    Collections permanentes et expositions temporaires se partageaient les lieux de part et d’autre d’un vaste espace qui plongeait d’un côté par d’immenses baies vitrées sur les voies ferrées et le mouvement des trains, de l’autre côté sur les façades des immeubles ocres avec balcons, typiques de la belle Époque alignés le long de la place d’accueil où se préparait une sorte de kermesse colorée.

    L’harmonie du tout, l’espace, la vie s’en dégageant étaient impressionnantes.

    Nous avons commencé par l’art contemporain, collection et exposition temporaire. J’avais déjà vu les grosses épines disposées en vagues sur des grands formats noirs  à la fondation Pinault. J’ai pensé que certaines de ces œuvres commençaient à s’ancrer dans l’univers des musées, comme en son temps les empilements d’Arman. Je m’étonnais de m’en étonner, inquiète cependant des problèmes de conservation soulevés.

    Des céramiques réunies dans une pièce ont naturellement attiré mon attention. Des boîtes mystérieuses, un grand bouquet de fleurs, une superbe envolée comme une aile d’oiseau.

    On tournait autour de tissus pendus sur des tringles. Teints de colorants naturels, recousus de pièces à l’image des voiles de vieux bateaux, ils paraissaient rustiques par rapport aux soieries, aux fils d’or en cascade qui ont rempli la fondation Cartier et bien d’autres expositions cet hiver à Paris.

    Je n’ai pas tout mémorisé, mais j’ai pensé qu’aujourd’hui l’œuvre cherchait à se substituer à la vie, la matière devenant suffisante, la conceptualisation souvent comme unique objectif.

    Étrangement, le saut dans la partie classique du musée cantonal composée d’œuvres d’artistes helvétiques ne choquait pas. Les vaches sur fond de montagnes, les Diday, Calame du 19e, les Hodler, Dubuffet, Balthus du 20e siècle semblaient même trouver leurs assises dans la proximité des œuvres contemporaines. Un portrait par Hyacinthe Rigaud m’a sauté aux yeux, une duchesse au regard ironique.

    Après la visite, nous nous sommes attablés à la cafétéria. Plateau central, banquettes latérales en cuir noir, lampes suspendues, design. Quand Gilles est allé chercher la voiture, un homme d’environ soixante-dix ans, coiffé d’un bonnet chinois, s’est installé avec sa femme et son fils à une table à côté. Je l’entendis demander une bière.

    Sans un mot et presque sans un regard, la jeune fille lui présenta la carte, une sorte de menu luxueusement relié. Il haussa la voix :

    — Je ne vous ai pas demandé la bible, je vous ai demandé une bière !

    Seules de savantes décoctions exotiques y étaient proposées, ce qui mit l’homme dans une rage silencieuse. Ses compagnons s’étant esquivés, je lui ai demandé avec un sourire :

    — Vous êtes français ?

    Il hocha la tête en me regardant d’un air soupçonneux. Je l’ai rassuré :

    — Moi aussi !

    Il dirigea un doigt vers son estomac :

    — Tout ça me porte sur l’estomac. Et il n’y a pas de bière !

    Il laissa filer un silence et dit, à la fois fataliste et amer :

    — L’architecture est magnifique, le mélange des genres est intéressant. Il faut parfois se laisser secouer !

    — Vous êtes artiste ?

    Il murmura ;

    — Dessinateur.


  • Une classe à la plage

    En Suisse, les enfants ont fait leur rentrée à l’école et dimanche les familles étaient de retour sur la plage malgré la bise et les vagues.

    Des sportifs y gonflaient des planches de paddle à coups de pistons, les familles s’installaient sous les arbres en vastes cercles garnis de sièges pliants, de draps de bain, de nappes et de glacières. Plusieurs générations avec bébés et enfants s’y retrouvaient avec bonheur et un peu d’agitation. Un cercle de trentenaires exécutait les mouvements que leur indiquait bruyamment un volumineux moniteur au son d’une musique répétitive sortie d’un de ces nouveaux amplificateurs miniaturisés.

    La dame qui nage tous les jours et par tous les temps nous a dit :

    — Je crois qu’aujourd’hui je vais aller nager de l’autre côté du port, il n’y a personne, même le week-end.

    Pour tout dire, à Paris nous ne voyons plus guère de jeunes et encore moins de bébés. Je me surprends à m’étonner quand je croise une femme enceinte. Les logements étant trop chers, les jeunes sont contraints de partir en banlieue ou en province. Alors j’aime regarder cette jeunesse sur la plage. Je me réjouis de voir les parents s’occuper de leurs enfants, les jeunes s’amuser.

    Cependant, nous n’étions pas fâchés le lendemain de savoir cette belle jeunesse à l’école et nous espérions profiter d’une plage quasiment déserte. Mais en poussant le portail de la plage, nous avons entendu des cris.

    Une vingtaine d’enfants d’une petite dizaine d’années se poursuivaient dans des hurlements. Manifestement une classe de primaire. Insensibles au vacarme, deux maîtresses discutaient à côté d’un grand sac, reconnaissables à leurs tee-shirts identiques. Ça promettait !

    Mais le temps que nous enfilions nos maillots de bain, elles s’adressaient aux enfants.

    — Je compte jusqu’à 30, vous approchez et je ne veux plus un bruit ! dit l’une d’une voix sans réplique.

    Pendant qu’elle comptait à l’envers, « Trente, vingt-neuf, vingt-huit… », l’autre distribuait des cahiers neufs, des crayons à papier et des petits coussins colorés. À zéro, on n’entendit plus que le bruit des mouettes. Surréaliste pour des français accoutumés aux bousculades scolaires !

    — Vous vous asseyez à distance les uns des autres et vous regardez le lac, les vagues, les bateaux, les montagnes.

    Elle donna quelques détails sur le Léman, sa géographie, puis :

    — Vous dessinez ce que vous voyez, chacun ce qu’il veut. Un oiseau ou un rocher. Ne cherchez pas à imiter qui ou quoi que ce soit, dessinez juste ce que vous voyez !

    Et les enfants, sans un bruit, aspirés par le paysage se sont mis à dessiner comme si leur vie en dépendait.

    Un peu surpris, nous nous sommes glissés dans une eau à température idéale et nous avons nagé avec un plaisir augmenté par la présence de ces enfants dispersés sous le soleil comme des oiseaux à l’arrêt, attentifs et silencieux.

    Quand au bout d’un quart d’heure nous sommes remontés sur la plage, ils rendaient leur cahier.

    Je n’ai pas pu m’empêcher de demander à l’un d’eux de me montrer son dessin. Il me l’a tendu avec simplicité. On voyait des rochers, la rive en face, les vagues et un drôle de personnage les bras en l’air. C’était bien vu et charmant.

    Comme je continuais mon chemin vers le banc où nous avions laissé nos vêtements, je suis passée devant la maîtresse et je lui ai demandé de voir un autre dessin. Un enfant me l’a montré, assez semblable. La maîtresse m’a souri et elle a dit :

    — Vous voyez, vous êtes la star !

    Ils m’avaient dessinée en train de nager.

    J’ai été épatée par cet enseignement helvétique.

    Par la suite, j’ai pensé que je n’avais pas vu les petits blacks-blancs-beurs de la résidence voisine. Il s’agissait probablement d’une de ces écoles privées qui fleurissent en Suisse pour enfants fortunés, peut-être une classe enfantine du collège du Léman.


  • Après le 15 août

    La canicule se termine et comme chaque année, passé le 15 août des signaux subtils précèdent la fin de l’été. La lumière s’affine, l’air devient plus léger, les cloches de Cessy sonnent plus cristallines, les oiseaux se font plus joueurs. Dans le village, un je ne sais quoi d’intimité a réuni les familles dans les jardins.

    Nous lisons des livres que nous n‘aurions pas l’idée d’emprunter à Paris. Ramuz pour ma part, un gros roman japonais pour Gilles, et beaucoup d’autres, comme des fenêtres ouvertes sur des mondes extérieurs.

    Entre les baignades, les siestes, les repas simples savourés au milieu des moineaux, le temps se dilate, laissant la place à des méditations, des bribes de conversations inhabituelles, un peu comme des bulles surgissant on ne sait d’où.

    Aujourd’hui, sous un soleil pâlichon, nous avons petit-déjeuné dehors. Le travail a repris. Personne dans l’impasse, sauf un gros matou jaune, près de la serre, « le Jaune ». Sauvage, énorme, il mâchouille quelque chose qui n’a pas l’air de passer. Hier, une volée de moineaux picorait en se battant au même endroit. Un nid de fourmis ?

    Gilles a dit :

    — La pluie ne va pas traîner.

    En effet une sorte de couvercle noir et mousseux approchait de l’ouest. J’ai foncé dans la salle de bains, je me suis habillée à toute vitesse et nous sommes descendus vers le Léman. Les parkings du Collège du Léman étaient pleins. L’école avait repris dans le canton de Vaud.

    Nous étions quelques uns sur la plage ou dans l’eau. Toujours les mêmes, le vieux monsieur aphasique, la dame bavarde qui nage des kilomètres, été, comme hiver.

    — J’enfile une combinaison lorsqu’il fait vraiment trop froid. Un jour, il va me pousser des nageoires.

    Le monsieur aphasique nous a montré les nuages qui crevaient devant le Salève. La mine réjouie, en se dépêchant de remonter à sa voiture après avoir nagé le long de la rive sur plusieurs kilomètres comme chaque jour, il a lancé :

    — J’aime pas l’eau !

    Une infinité de gris modulait les montagnes au loin. Les dents d’Oche, les Cornettes de bises, le Roc d’enfer, les Dents du midi, la chaîne des Aravis déroulaient leurs reliefs dans l’étrange clarté de leurs variations, violets sourds, bleus délicats, ocres légers, noirs profonds. Le sommet du mont Blanc était comme effacé par une écharpe de brume.

    Que le monde est beau et que l’eau était douce.


  • Dans le jardin de Jill

    Nous trouvons enfin le temps pour quelques brins de causette avec nos voisins.

    Jill, une Anglaise, que je connais désormais un peu plus pour avoir participé ensemble il y a deux ans à un spectacle de l’école de musique, nous a invités à prendre un apéritif dans son jardin avec les Parkinson. Finalement, Alan n’a pas pu se joindre à nous, appelé par des soucis concernant des structures artistiques qu’il fait tourner autour du monde, mais j’ai été contente de voir sa compagne Isabella, toujours débordante d’énergie.

    Notre hameau de vieilles maisons est une sorte de domaine d’Astéryx isolé parmi les lotissements et les immeubles qui poussent comme des champignons sur un territoire enclavé entre le canton de Vaud, Genève et le désert jurassien.

    On y trouve encore des descendants des fermiers d’autrefois, des artisans fiers de leur indépendance. Cette sorte d’aristocratie d’insoumis attire aujourd’hui des étrangers, surtout des Britanniques cultivés issus du Commonwealth.  

    Lors de cet apéritif, Jill nous a raconté que la petite maison de son jardin était louée pour le moment à un chanteur se produisant dans les EHPAD de la région. L’alcool aidant, l’idée fut lancée d’une petite soirée chantante à laquelle seraient conviés les voisins les plus proches.

    Jill est ensuite partie pour Londres. Sans nouvelles, je pensai que le projet avait fait long feu, mais quelques jours avant la date choisie, le bouche-à-oreille et les emails avaient fonctionné et nous nous sommes retrouvé une quinzaine dans son jardin.

    Imaginez sous les crêtes tutélaires du haut Jura un jardin anglais. Pelouse héroïque compte tenu du climat, buissons aux feuillages raffinés, fleurs sur les murets. Des chaises et des fauteuils de jardin disposés à l’ombre des arbres du pourtour. Un petit vent frais.

    Imaginez un public bigarré. La plus âgée, madame Geneux, 90 ans, fine dans une jolie robe fleurie, était l’institutrice de nos enfants en maternelle. Elle avait gardé un ton assuré et montrait une sorte d’étonnement de se trouver chez une voisine qu’elle n’avait jusque là qu’aperçue.

    Les plus jeunes, Romy et Pia, 6 et 3 ans, avec leurs parents. Antoine et Angiane. Angiane est malgache, d’une élégance aérienne.

    Entre les deux, nos voisins mitoyens Marcel et Jacqueline, ainsi que Denis, accent gessien garanti. Hillary, une Anglaise dont la vie pourrait faire un roman de mille pages. Passée la soixantaine, elle portait une capeline blanche sur un visage entouré de mèches blondes et frisées, les lèvres rouge cerise, une robe échancrée sur un corps épanoui. Elle chanta par la suite une chanson à la façon de Marylin Monroe, modulant la voix avec une séduction troublante.

    Et aussi Enricke, qui cuit mes modelages dans son four de potière. Une virtuose de la couture, vêtue d’une robe garden-party lumineuse, qui mettait en valeur ses épaules bronzées. Elle chanta Ne me quitte pas dans le néérlandais d’origine de Jacques Brel. Sa voix forte et articulée avait quelque chose de touchant, comme une confiance offerte.

    Et aussi, Tony, le mari de Jill, qui nous proposa en particulier le vin pétillant provenant de Porto où habitent son fils et sa famille. Peu confiant dans son français, il ne parle pas beaucoup et compense par des sourires.

    D’autres encore que nous ne connaissions pas, une Péruvienne cachée sous ses lunettes noires qui chanta La Cuccaracha, ses fils d’une vingtaine d’années et aussi un Anglais de grande taille, soixante dix ans environ, cheveux blancs, ravi de participer à Gare au gorille, la chanson de Brassens. On se fit la remarque qu’aujourdhui, elle ne passerait pas la censure de MeeTo.

    Denis, Marcel, Jacqueline, madame Geneux et moi-même firent découvrir aux étrangers présents , Etoile des neiges, notre hymne savoyard dans un choeur approximatif, mais fervent :

    Mon coeur amoureux s’est pris au piège de tes grands yeux…

    Jill, hôtesse délicate, vêtue d’une robe longue indienne de la couleur de ses yeux, spontanée et gracieuse, n’oublia personne. Elle chanta des airs anglais, repris par ses amis et dansa la valse avec Jacqueline sous les yeux attendris et étonnés de nos gessiens tout terrain.

    Jean-Michel, 70 ans environ, chanteur professionnel, accompagné de ses harmonicas, aidé de son poste internet, orchestre et paroles, subtil et inventif, sut nous mettre à l’aise, s’éloigner des enfants pour lancer Sur le port d’Amsterdam.

    Pas facile d’alterner chansons françaises, anglaise, etc…, mais il en avait vu d’autres. Il s’y prit avec la passion inépuisable de son métier.

    Son amie, venue de la région parisienne pour l’occasion, nous raconta, qu’il chantait au téléphone presque tous les matins pour lui dire bonjour.