Le peintre a terminé le salon et l’entrée. Le temps de réaménager les pièces enfin libérées, les enfants et petits-enfants sont arrivés de Grenoble. Leur train avait été annulé à cause de la grève. Ils ont pu en trouver un autre.
Nous sommes allés au théâtre de l’Œuvre voir Le Cercle des illusionnistes. L’histoire des illusionnistes célèbres, Houdin, Houdini, Méliès, le Turc joueur d’échecs et la machine de Vaucanson, une succession de scènes au rythme rapide, astuces de décors sur roulettes, un dynamisme salutaire. Le lendemain Julien est arrivé de Nogent en voiture. Thomas est resté avec ses cousins, Romain, Noé et Marius. Beaucoup d’activités, dont « Le Gréco » pour les parents au Grand Palais, et pour les enfants le Palais de la Découverte.
Hier soir, nous les avons laissés pour aller chez Mathilde qui habite à l’intérieur de l’hôpital de la Pitié dans un logement accolé à la superbe chapelle de la Salpétrière, bâtiment du 17e, vaste escalier avec larges rampes de chêne. Mathilde, environ trente ans, est administratrice de centres de recherche médicale. Elle recevait ses parents, ses sœurs et les conjoints.
Nous avons pris la ligne 1, automatique. Nous sommes sortis à la station gare de Lyon, nous avons traversé la Seine qui scintillait dans la nuit, par le pont Charles De Gaule. Dans les couloirs déserts de la gare d’Austerlitz, un homme nous a dit : « Bonsoir, les amis, il y a grève ! » Comme si nous pouvions l’ignorer ! C’était un raccourci pour rejoindre le boulevard de l’Hôpital que nous avons remonté jusqu’à la Pitié. Des tentes de sans-abris s’alignaient le long du métro aérien, la plupart en mauvais état, rafistolées de partout. Devant quelques-unes, des guirlandes de Noël brillaient d’une lumière touchante. Assis côte à côte, trois hommes regardaient déambuler les marcheurs de la grève et contemplaient la circulation complètement bouchée sur le boulevard. Un homme nous a croisés et nous a lancé : « Joyeux Noël à vous ! »
Nous avons traversé les beaux jardins de l’hôpital et nous sommes arrivés chez Mathilde. Nous étions neuf. Quel plaisir d’entendre tous ces jeunes parler de leurs activités, variées et passionnantes. Plat de résistance, une tourte au saumon faite par Arnaud, l’ami de Mathilde, un rugbyman d’un mètre quatre-vingt-quinze tout en muscle, dessert un gâteau au chocolat et une tarte aux pommes par Camille que j’ai tant aimé dessiner il y a quelques années et toujours aussi jolie.
Le temps a passé comme un éclair, il était presque minuit lorsque nous nous sommes séparés. Caroline et Jean-Michel en taxi, Camille et Antoine à pied et nous avons repris le chemin vers la gare de Lyon dans un Paris archi désert.
Ce soir, c’est pour nous Noël et pour le moment les enfants répètent le spectacle qu’ils vont nous présenter avant le dîner.
Comment ne pas avoir une pensée pour tous ceux qui souffrent dans les hôpitaux ou chez eux, à ceux que la misère a entassés dans les camps de réfugiés, aux victimes des guerres et des attentats, aux solitaires, … et j’en passe de bien tristes ?
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