Tom est âgé de dix ans, ses parents travaillent tous les deux, il va donc au centre de loisirs à Nogent-sur-Marne. Non seulement il ne s’en plaint pas, mais après quelques jours de vacances, il manifeste régulièrement le désir d’y retourner.
Il nous parlait depuis longtemps de la comédie musicale préparée pour la fin de l’année. Il mimait des animaux, dansait sur des rythmes étranges et chantait des mélopées bizarres. Seuls les parents et les grands-parents étaient conviés à la représentation, nous avions de longue date réservé le dernier vendredi de l’année scolaire,
Ce fut une réussite ! Dans une vaste salle polyvalente datant des années 30, pourvue d’une grande scène surélevée, nous avons assisté à la plus jolie des comédies musicales jouées par des enfants. Les masques étaient superbes, les costumes dignes des grands spectacles, la musique imaginative, les chœurs chantaient juste et les danseuses en rythme s’en donnaient à cœur joie. En fond de scène, des gazelles courraient dans la savane sur laquelle brillaient le soleil, la lune et les étoiles. Une quarantaine d’enfants participait à l’aventure. Spectacle foisonnant sans temps mort.
En fait, le metteur en scène était un professionnel qui gagnait sa vie comme animateur (sur la photo, derrière Tom). Tout avait été fabriqué avec les moyens du bord : les masques en carton, des chapeaux surmontés de grandes têtes d’animaux, lions, girafes, singes, phacochères, éléphants, les costumes à partir de vêtements bariolés trouvés dans les renfiles. Les paroles préenregistrées par les enfants permettaient un montage astucieux et une rare aisance gestuelle. Le play-back était parfaitement synchronisé. On se doutait pourtant que le centre de loisirs n’avait pas pu s’offrir de micros portables. Deux spots fixes et colorés sous lesquels les acteurs passaient aux moments adéquats éclairaient l’action avec astuce.
Et les enfants… ? Heureux ! À la fin, le metteur en scène les présenta un par un au public avec modestie et simplicité. Ils avaient passé huit mois à préparer ce spectacle. Chacun avait choisi son rôle. Vous dire le plaisir ressenti par tous, y compris les maîtresses d’école qui avaient collaboré tient de la gageure. Il s’y mêlait bonheur et fierté. Qu’on ne vienne pas nous dire que tout était mieux autrefois et que les enfants d’aujourd’hui laissés à eux-mêmes sont devenus stupides. En tout cas pas au centre de loisirs du Val de beauté !
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