Lorsqu’il se réveilla, la nuit était tombée, un silence étrange régnait sur la ville. Une rumeur lointaine provenant de la fenêtre ouverte le tira du lit. Il descendit l’escalier. Les salles étaient vides. Il franchit la porte de la maison. La place était déserte. Son escorte, ses pages et ses laquais s’étaient volatilisés. Seuls les quatre chevaux attelés à son carrosse doré et cinq poules picoreuses montraient quelques signes de vie. Il s’indigna d’abord d’un abandon qui s’apparentait à un crime de lèse-majesté, puis il s’en félicita. Il se dirigea d’un pas alerte vers une rumeur qui enflait au loin.
Il traversa le village vidé de ses habitants. Dans un champ fraîchement moissonné, il vit une énorme tente soutenue par d’immenses piquets dressés vers le ciel. Un vacarme s’en échappait, comme si le tonnerre de l’orage s’y était installé à demeure. Il s’approcha courageusement de l’entrée. Mais un éclair et une déflagration le firent vaciller. Il recula.
Il s’avança avec détermination et s’arrêta sur le seuil, les deux pieds enracinés dans la terre de son royaume, bien décidé à affronter ce qui ressemblait à l’antre du diable. Yeux brouillés, tympans en déroute, il lui fallut quelques secondes avant d’apercevoir la foule entassée. Le village tout entier s’y trouvait réuni.
(à suivre)
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