Comment était-ce possible ?
Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai…
Couplet après couplet, la chanson délivrait sa poésie.
Chante, rossignol chante, toi qui as le cœur gai…
Comme j’étais loin de l’image teutonne et soviétique, véhiculée par les défilés militaires à la gloire du marxisme léniniste ! Les enfants ne se doutaient pas que derrière eux, une oreille française vibrait à cette réconciliation franco-allemande. Honteuse de ne pas me souvenir des paroles, j’ai préféré ne pas me découvrir…
Le train s’arrêta au terminus et je cherchai du regard les responsables censés m’attendre pour me conduire à l’hôtel. Personne sur le quai, personne dans la gare ! Qu’à cela ne tienne. J’ai présenté l’adresse sur un bout de papier à un taxi qui m’a déposée devant la porte. Comme je posai le pied dans le vestibule, une jeune femme s’est jetée sur moi et d’une voix oppressée m’a lancé dans un français parfait :
– On vous cherchait partout ! D’où venez-vous ?
Ma réponse la sidéra.
– Votre passeport était déposé à une autre frontière !
Je lui racontais l’attente interminable sous les miradors et la poursuite du train. Elle courut derrière le comptoir et se saisit fébrilement du téléphone. Une conversation rapide s’ensuivit. Questions. Exclamations. Elle semblait parler à un supérieur. Elle s’apaisa enfin, et se dirigeant vers moi :
– Les autres congressistes sont arrivés, je vous conduis à votre chambre.
Une chambre des plus sommaires, un petit lit dans un coin, des murs nus.
– On se retrouve en bas dans une demi-heure.
(à suivre)
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