Vous voulez acheter une vache ? Il vous la faut de caractère paisible, mamelles volumineuses et abondamment veinées, ses pis ne doivent surtout pas traîner par terre. Ne pas négliger leur forme afin qu’ils soient adaptés à votre machine à traire.
Vous apprendrez ces finesses à la foire de Crête. Notre amie Marie nous avait invités à participer à ce cérémonial. Depuis mon enfance, j’ai entendu parler de la foire « sur » Crète, devenue au fil du temps la foire « de » Crète, foire millénaire sur les hauteurs de Thonon. Elle draine l’arrière-pays savoyard, les vallées de Morzine et d’Abondance.
La foire a lieu le premier week-end de septembre, et chaque année par tradition Marie va s’y plonger avec des amis, et chaque année ils se retrouvent ensuite dans son jardin pour en déguster les produits. Nous avions été invités à nous joindre à ces Savoyards pur jus. Il y avait lieu d’en être flattés.
Marie nous avait prévenus qu’il était impossible de se garer en ville tant la foire attirait de chalands. Des amis nous ont prêté leur jardin et c’est donc à pied que nous sommes allés retrouver par la passerelle au dessus de la gare la petite bande réunie comme chaque année sur la terrasse des Trois Marronniers. Nous étions en retard mais ils n’étaient pas encore partis. Sous un soleil de plomb, le cercle s’est élargi, les têtes fragiles sous les parasols, les autres protégés par leurs lunettes. Ce fut des revoyures à n’en plus finir. On se saluait, on demandait des nouvelles de tous et de chacun. La foire unissait ce petit monde dans la bonne humeur. L’un d’eux, Valère Novarina, dramaturge reconnu, spécialiste des vocabulaires locaux, visage soucieux sous un large chapeau semblait déjà à sa table de travail.
(à suivre)
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