Nous nous sommes donc dirigés vers le Mont Blanc. Son prisme grandiose semblait nous montrer le chemin. Après un café au soleil dans le village du Reposoir, et quelques virages dans la forêt, nous avons découvert le Carmel, solidement implanté au pied de la muraille des Aravis. Comme aspirés par l’étrangeté du lieu, nous avons commencé la visite du monastère, du moins celle du cloitre et de la chapelle, lieux austères sublimés par la prière et la méditation. Sur le côté du chœur, une grille séparait les laïcs des nonnes. En sortant, nous nous sommes arrêtés dans la boutique tenue par une sœur tourière.
Je me suis jetée à l’eau et j’ai demandé à voir ma cousine. J’ignorais son nom de religieuse. Grâce à un talky walky des plus modernes, la tourière prit contact avec la communauté, laquelle mit un certain temps avant de comprendre de qui il s’agissait. Elle m’informa avec un large sourire « que la sœur était encore en vie » comme si le contraire eut été plus vraisemblable. On allait lui annoncer ma présence.
Durant l’attente, Bernard a demandé des nouvelles d’une jeune novice dont il avait apprécié la vivacité et la jeunesse quelques années auparavant. Elle était retournée à l’état laïc. Toujours souriante, de ce sourire si particulier des monastiques, la tourière nous dit que les jeunes avaient du mal à se faire à la vie du Carmel. Il ne restait au Reposoir qu’une dizaine de religieuses, pour la plupart âgées.
Une sonnerie. La tourière m’informa comme une insigne faveur que ma cousine m’attendait au parloir.
– Si ces messieurs veulent rester ici ! Je vais vous accompagner.
(à suivre)