Il y a toujours eu des chiens dans l’impasse. Quand les enfants étaient petits et que nous y habitions toute l’année, on en a compté jusqu’à une dizaine, des petits, des bergers allemands, des chiens de chasse, des corniauds, de tout. J’ai même connu une famille qui en possédait trois, de ces petits chiens au nez camus dont les poils tombent sur les yeux. Quand le dernier, Ulysse, est mort, ils ont eu tant de chagrin qu’ils n’ont plus voulu en avoir d’autres. Ils les avaient remplacés par un chat, Dent d’Oche, auquel il manquait une patte arrière à la suite d’un accident de voiture. Un chat, si fort et bagarreur qu’il semait la terreur dans l’impasse. On disait juste aux enfants de ne pas l’approcher, car il pouvait leur sauter à la figure sans raison. Il faisait partie du paysage.
Mais voilà ! Les Farabolini sont partis dans la vieille ville en laissant la place à une infirmière et sa petite fille de six ans environ. Quelques années auparavant, Praslon avait vendu sa maison à Laurence.
Laurence est une jeune et jolie architecte qui travaille en Suisse. 50 minutes de trajet à l’aller comme au retour pour se rendre à son agence de Lausanne. Son copain est danois et vit à Copenhague, elle se trouve donc souvent loin de son amoureux, de ses parents, de son pays. Elle a fini par acheter un grand caniche gris pour combler sa solitude. Jusqu’à l’arrivée de sa voisine, Sacha restait dans la cour, lui aussi faisait parti du paysage. Il avait toujours été d’usage à la campagne d’empêcher son chien d’aboyer et Sacha avait pour seul collègue, Jarvis, le chien de Nick, élevé à l’anglaise qui se contentait de nous sauter dessus pour nous saluer avec jovialité.
Tout allait bien. Quelle ne fut pas notre surprise en juillet de trouver l’impasse sans dessus dessous, sonorisée par des jappements, des gémissements, des aboiements intempestifs ou permanents, nuits et jours, au petit matin comme durant l’après-midi. Deux chiens se répondaient et s’invectivaient. Le deuxième, une sorte de colley irlandais en plus rustique et probablement plus sonore, appartenait à la nouvelle propriétaire de la maison Farabolini
Une après-midi, alors que je revenais de ma promenade sur l’ancienne voie ferrée, j’ai vu trois policiers s’introduire dans la rue. Un chien a aboyé sur leur passage. Ils sont entrés chez Michelle, notre voisine directe. Michelle travaille dans une boulangerie et se lève à quatre heures du matin.
Des jours ont encore passé. Je pensais à autre chose avec l’arrivée de la famille et une succession d’apéritifs. Quand le bruit a de nouveau retenti dans mes oreilles, je suis allée me renseigner auprès de la nouvelle voisine, puis de Michelle et de Laurence.
Vingt zous ! Un spectacle de désolation ! Elles ont toutes les trois le cœur en marmelade ! L’une ne peut plus dormir, l’autre, m’a-t-elle dit, se sent mal accueillie par le village et Laurence pleure !
J’aurais voulu leur dire d’adopter un chat, c’est moins bruyant et plus câlin, mais les deux voisines n’ont rien voulu savoir et j’ai fini par apprendre qu’une nuit un hérisson était passé devant leurs portails mettant les deux chiens en transe. Michelle était descendue protester en chemise de nuit et le lendemain, Philippe, son mari, a appelé la police.
Je vous raconterais la suite la semaine prochaine, s’il y a du nouveau…
En attendant nous n’avons toujours pas de gouvernement…
D’ici là, je voudrais vous dire combien le passage de Julien et de son fils Thomas a été délicieux. J’en suis encore attendrie. Il nous faut changer d’hébergeur et Thomas prend en charge le nouveau site.
Commentaires récents