Opérée jeudi, je suis sortie de la clinique le lendemain vers 13 heures.
Tout s’est bien passé paraît-il, mais les résultats ne seront vraiment effectifs que dans trois mois. Le cœur a ses raisons…
Je suis contente que ce soit terminé. Pourvu qu’il ne faille pas recommencer ! Les nerfs parasitant le muscle cardiaque risquent de repousser comme de la végétation…
Le cardiologue est passé par la veine fémorale avec un cathéter, il a traversé le vestige du trou qui se referme entre les deux oreillettes à la naissance et il a détruit les nerfs défectueux. En dépit d’une anesthésie générale, j’ai ressenti deux terribles chocs quand il a pratiqué l’ablation.
Le monde de l’hôpital est étrange. Nous y sommes soumis aux médecins, aux infirmières, aux aides-soignantes, dans une logique et des protocoles d’autant plus imparables qu’ils sont minutés sous la pression d’un manque d’effectif chronique.
Quand dans un box voisin d’une vingtaine d’autres, je patientais avant l’opération, j’entendais les brancardiers blaguer entre eux. Tous d’origine africaine, leur humour bruyant, leurs blagues exprimaient une belle et réconfortante vitalité. Mais au bout d’une petite heure, j’ai été contente de partir pour le bloc opératoire.
Au réveil, ma jambe n’a pas apprécié le pansement compressif refermant la veine fémorale. Ce qui, pour la plupart, n’est qu’une intervention banale s’est transformé en une fabrique de crampes que je ne souhaite à personne. Et je suis restée sept heures dans cette position sans pouvoir plier la jambe. On espère toujours échapper aux douleurs et aux inconforts, mais il faut se rendre à l’évidence, comme l’a dit un gentil brancardier avec un sens de la formule :
— C’est un mal pour un bien !
Quel soulagement ensuite de pouvoir s’asseoir, et aller aux toilettes ! La nuit s’est plutôt bien passée. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de tripoter l’écran de monitoring, lequel s’est déconnecté. L’infirmière de nuit seule à l’étage, débordée par la distribution des médicaments n’a pas été contente. On la comprend.
J’ai fini par obtenir un demi-comprimé de somnifère :
— Vous avez de la chance, certains médecins refusent d’en donner.
Tout de même un peu sadique. Mais ils ont la hantise des benzodiazépines.
Le lendemain sous la douche, j’ai retiré ce que j’ai pu de la patasse collante du pansement. Gilles est arrivé en autobus vers onze heures :
— Ça n’en finissait pas, l’autobus a desservi plusieurs hôpitaux ; l’hôpital américain, l’hôpital public Ambroise Paré, l’hôpital franco-anglais, l’hôpital du Perpétuel secours. Ce quartier de Neuilly semble spécialisé !
Après la visite du médecin et le bon de sortie, nous avons pu rentrer en taxi. Le chauffeur nous a fait part de sa satisfaction au sujet des Jeux olympiques.
— Je vais même pouvoir transporter les équipes avec mes sept places.
En vie, mais pas fraîche du tout, j’ai été contente de retrouver mon lit et de lire les gentils messages qui me souhaitaient un bon rétablissement.
Le surlendemain, Julien, Thomas et Yves m’ont rendu visite. Cécile logeait chez nous en escale pour aller passer Noël à Londres chez sa fille Charlotte. Ils m’ont changé les idées et m’ont réchauffée de leur affection.
J’en avais bien besoin, car une nouvelle crise m’avait contrainte à joindre par téléphone le rythmologue de garde (on était samedi). Il m’a rassurée :
— C’est une réaction banale ! Votre cœur a été secoué. Il faut attendre qu’il se calme.
En effet ! Aujourd’hui, il semble un peu plus sage et j’espère que la parole de mon médecin va se réaliser :
— Vous allez repartir pour dix ans et plus. En pleine forme !
Depuis quelque temps, j’ai assez tendance à regarder les reportages à la télévision qui montrent des centenaires faisant du vélo, jouant du piano (106 ans), écrivant des livres (Edgar Morin, 102 ans) et même courant le marathon…
Il me resterait un peu de temps, presque une vie ?
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