Le hip-hop revient par la grande porte - Le Parisien

Allergie saisonnière, bronchite ou covid ? Je crache mes poumons. J’aurais dû porter mon masque dans le métro.

Une semaine un peu fraîche, mais printanière. Au téléphone, Nicolle me dit que le Léman est blanc de bise.

 Le plaisir d’un café rue Montorgueil avec Muse. J’aime sa jeunesse, sa curiosité, son enthousiasme.

Les Essais de Montaigne au Théâtre de Poche avec Julien et sa famille. Très contemporain. Un choix vivant, une articulation impeccable et forte. Je tiens ça de mon père ; j’aime Montaigne et sa liberté de pensée. Ils se sont un peu ennuyés, moi pas de tout. Aujourd’hui, tout doit être drôle ou terrible, immédiat, retenir l’attention. Tout doit faire le buzz. Leur ennui m’a paru fructueux.

Après un agréable moment à bavarder sur une terrasse au soleil du boulevard du Montparnasse, Gilles et moi sommes revenus par le métro et les Halles. Une brocante bordait les allées du jardin. Pas vraiment comme les vide-greniers dans le quartier de la Bourse. Plutôt comme le marché vintage que j’ai vu la semaine dernière du côté de Barbés, de la fripe colorée, des blousons de cuir, des bijoux voyants, des jeans effrangés, probablement destinée à la banlieue populaire qui débarque à la station Chatelet chaque week-end ensoleillé.

Près du kiosque, une musique du genre rap et un espace libre au milieu de la foule ont attiré mon attention. J’ai dit à Gilles :

— On va voir ? C’est souvent bien…

Il m’a suivi. Un jeune black tenait un micro et encourageait une démonstration de hip-hop. Le garçon sautait sur un pied, sur une main, sur la tête, se trémoussait avec une énergie impressionnante. Il se contorsionnait, avançait reculait exécutant des pas salués à chaque fois par un public connaisseur,  lorsque soudain il s’est lancé dans une roulade, une boucle à plus d’un mètre cinquante de hauteur, la tête en bas, puis il a atterri sur ses pieds, et sur le béton comme si de rien n’était.

Il aurait fait un faux pas, il se cassait la nuque ou la colonne vertébrale, paraplégique pour le restant de sa jeune existence. Il fut applaudi, mais ne recommença pas, relayé par un autre danseur qui démarra par deux sauts périlleux, avant et arrière. Les spectateurs étaient aux anges. Comme on était loin de Montaigne et de sa sagesse !

J’ai préféré m’éloigner.

Le soir, comme un cadeau, une exceptionnelle soirée TV. Une vidéo de théâtre. Mademoiselle Else  d’Arthur Schnitzler, un auteur autrichien du début du dix-neuvième siècle. Une réalisation du même théâtre de poche où nous étions quelques heures auparavant. On y voyait les mêmes lieux, le même escalier, le même mur de pierre. Touchant quand on sait que Philippe Tesson est mort il y a peu de temps, laissant sa fille Stéphanie seule maîtresse des lieux.

Le monologue intérieur d’une jeune fille de la bonne bourgeoisie viennoise contrainte de se montrer nue moyennant finance devant un homme riche de la bonne société pour sauver son père de la ruine et du suicide. Un texte magnifique, lequel pour une fois tient compte des questions et des sentiments de la victime (l’auteur était aussi médecin). Le regard fixé sur le téléspectateur servait la prouesse du seul en scène. Quelques effets d’images superposées ajoutaient à l’enlisement de la victime, à l’angoisse du non-consentement déguisé en nécessité.

Une réalisation de Nicolas Briançon, superbement jouée par Alice Dufour. Oui, une bonne soirée !

Et hier, autre contraste, la comédie romantique Vacances romaines pour la nième fois. Audrey Hepburn, toujours étonnante, moderne et charmante. La scène de la Bouche de la vérité a été prise sur le vif. Une première prise gardée au montage. Incroyable de légèreté et de spontanéité !

C’est l’écrivain Colette qui l’avait remarquée dans un second rôle et c’est ainsi qu’elle avait joué la jeune Gigi à Brodway. Rôle qui lui avait valu d’être choisie pour ce film par William Wyler à la place d’Elizabeth Taylor.