Jeudi : Tougin. Arrivée sous la pluie et dans la froidure.

Vendredi : Taille des rosiers, coupe des holtas et des iris, ramassage des feuilles de la vigne vierge entre deux averses, rangement de la maison pour l’hiver.

L’impasse était déserte. Quelques nouvelles des voisins néanmoins. Nous avions tant à nous raconter ! Nous avons retrouvé Marcel et Jacqueline autour d’un café. Marcel partait rendre les honneurs militaires aux obsèques d’un compagnon de la guerre d’Algérie.

Deux bonnes soirées devant un feu de cheminée. Le premier soir, la tempête s’est soudain mise à souffler. Les tuiles cliquetaient sur le toit au milieu du vacarme des arbres tordus par le vent. Vers minuit, tout s’arrêta. Plus un souffle d’air, un étrange silence s’était installé sur le village.

Samedi : déjeuner chez Patrick et Marie.

Avec Ève et Emmanuel, Jean-Michel et Caroline, les cousins de Grenoble avaient décidé d’inviter leurs vieux oncles et tantes.

Yves est donc venu de Paris en train et logeait chez Caro. Marc et Catherine étaient montés du midi, avec une étape à Barcelonnette et logeaient chez Ève. Hervé et Véronique en avaient profité pour faire une escapade dans les Alpes, ils restaient plusieurs jours chez Patrick. Nous venions donc de Tougin. Une belle idée qui s’était développée avec une belle simplicité.

Ce fut une fête de famille bien agréable ! Agnès et son mari, venus de la Drôme s’étaient joints à nous.

La maison sur les hauteurs de Vizille, construite dans la campagne, il y a une dizaine d’années est magnifique. Férus de montagne, ils ont fait les plans de façon qu’on puisse voir toutes les montagnes aux heures les plus belles.

Repas savoureux ! Champagne du producteur. Blagues et anecdotes. Photos. Nous nous sommes quittés en fin d’après-midi en nous donnant rendez-vous le lendemain, qui pour aller visiter le musée de la Résistance, qui pour faire une grande balade en montagne dans la neige, qui encore pour monter à la Bastille.

Le soir nous nous sommes retrouvés chez Ève avec Marc et Catherine. Jean-Michel était allé écouter Cabrel avec sa fille Maud. Yves et Caro se sont joints à nous pour un dîner léger.

Dimanche : nous avons cherché les tombes de la famille dans le cimetière de Grenoble, sans succès. Je les avais pourtant trouvées il y a quelques années, mais le cimetière est très grand. Nous nous sommes perdus, retrouvés. Puis nous avons traversé la vieille ville. Nous sommes passés devant le monument dédié à la Révolution Française avec l’hommage à la Journée des tuiles et à Mounier, héros familial, devant la maison de Stendhal.

Enfin, nous sommes montés à la Bastille en bulles. Pas un nuage. Le Mont Blanc trônait à l’est, derrière nous la Chartreuse, à droite le Vercors, devant nous Belledonne enneigée. C’était magnifique ! Ève et Emmanuel nous ont expliqué la géographie de la ville qui s’étendait à nos pieds. Nous avons cherché les lieux familiaux (mon père était originaire de Grenoble, vous l’aurez compris !)

À midi, nous avons déjeuné avec nos petits-enfants, 20, 18 et 16 ans. Comme c’est intéressant d’écouter ce qu’ils vivent dans leurs lycées, à l’université, d’entendre leurs opinions sur les problèmes d’aujourd’hui ! Pour le moment, ils s’en tirent plutôt bien.

Marc et Catherine sont partis visiter le château de Vizille où une de nos arrière-grand-mères au 19e siècle avait été préceptrice des enfants du comte de Chambord. Famille-famille…

Enfin, Gilles et moi, nous sommes partis pour Albertville voir son frère Jean-Claude. Les médecins ont décidé de ne pas l’opérer de son cancer. Nous avons passé une heure à discuter au soleil. Nous avons plaisanté autant que possible. Après-midi à la fois triste et gaie, affectueuse. Nous avons évoqué un peu le passé, beaucoup le mystère de la vie et de la mort. Nous nous sommes quittés sans savoir si nous allions nous revoir…

Pour ceux qui me lisent régulièrement, j’espère que plusieurs de ces personnages vous sont devenus familiers, tels des amis qu’on ne voit pas souvent, mais qui vous tiennent à cœur.

Nous nous sommes dépêchés de rentrer à Tougin, pour ne pas être trop en retard à une petite fête organisée dans la vieille ville par un groupe hétéroclite d’écrivains, de musiciens et de cinéastes.

Le sommet des montagnes rougeoyait au soleil couchant.

(à suivre)