Le printemps s’installe, douceur d’après-midi.
Dimanche nous avons déjeuné chez Claudine et Philippe, en toute sérénité puisque nous étions tous les quatre vaccinés. Nous avons dégusté un repas raffiné (merci, Claudine) devant des baies vitrées éclairées par le soleil, sous un ciel d’un bleu d’aigue-marine. Plusieurs de nos amis parisiens logent comme nous dans des appartements en étage élevé, sous un ciel presque plus présent qu’à la campagne sans végétation pour le cacher, en compagnie des toits et des tourterelles, des arbustes et des fleurs en pot.
Nous avons beaucoup demandé des nouvelles des uns et des autres, peut-être pour retrouver cette humanité que les confinements Covid ont tendance à diluer, à distendre dans un magma de crainte et d’irréalité. Nous nous accrochions à des détails précis, au souvenir d’une maison, d’une attitude, de sentiments éprouvés. Une bienveillance, peut-être due à l’âge, certainement provoquée par l’expérience s’attardait sur des propos qui glanaient quelques minutes, quelques heures contre la solitude et les informations préoccupantes.
Oui, l’avenir se révèle de plus en plus préoccupant. Le taux d’infections flambe dans de nombreux départements en raison du variant britannique, tout particulièrement en Île de France. D’une centaine dans le sud-ouest, il dépasse les mille en Seine-Saint-Denis. Ce lundi, il est envisagé d’y fermer les écoles. Nous sommes actuellement les plus atteints de toute l’Europe, laquelle avait pris le parti pour la majorité des pays de serrer la vis en février, contrairement à nous qui avions misé sur le comportement responsable des Français.
Naturellement sur le Net, se déverse un flot de commentaires accusant cette banlieue d’un manque de sens civique, accusant les jeunes désœuvrés errant au pied des immeubles de propager la maladie, du poids des dealers dans la désobéissance. Difficile de nier que dans le métro ou aux Halles, il est fréquent de voir des personnes issues de l’immigration sans masque ou descendu sur le cou. Mais, nous savons aujourd’hui, que ce n’est ni dans les transports, ni dehors qu’on se contamine le plus, c’est en intérieur. Se réunissent-ils dans des espaces clos ?
Par ailleurs, comment ne pas penser aux employés de supermarché, au personnel soignant, aux livreurs et leurs entrepôts, aux préposés de la Poste, en contact permanent avec des foules anonymes et non testées, dans des espaces peu ventilés propices aux aérosols délétères ? Les caissières sont protégées par des plexiglas ; mais les manutentionnaires ? Comment ne pas rendre hommage à tous ces gens venus des quartiers dits difficiles, de la Seine-Saint Denis en particulier, qui ont maintenu et maintiennent la région parisienne à bout de bras depuis plus d’un an avec de maigres salaires, à ces travailleurs sans lesquels nous aurions beaucoup plus souffert de la pandémie. Ils logent dans ces mêmes quartiers. Peu de statistiques à ce sujet.
Les prochaines élections risquent de propager des slogans mensongers sur le terreau des confusions et des insatisfactions de l’année écoulée. J’espère que la France saura faire la part des choses !
En attendant, essayons de profiter des jours qui rallongent et du soleil printanier.
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