Les courbes de l’épidémie montrent une deuxième vague de même ampleur que la première. Si des mesures ne sont pas prises, elle pourrait largement dépasser la première, un couvre-feu a été instauré le 17 octobre.
Mercredi dernier de 18 à 20 heures, nous avons reçu Pierre et Nicolle pour un apéritif avant le couvre-feu. Ils habitent à côté du Pont Neuf et sont venus à pied. Pierre Christin est un peintre reconnu, célèbre au Japon : on peut voir ses toiles à la galerie Nichido, rue du Faubourg Saint Honoré, à côté de l’Élysée. Ils nous ont dit que les terrasses des bistrots étaient bourrées de jeunes, collés les uns contre les autres et sans masques. Nos amis revenaient d’un de leurs nombreux séjours à Venise. La cité des doges était déserte. Ils nous ont évoqué le bonheur de savourer les Carpaccio, les Bellini, les Jérôme Bosh sans la foule des touristes. Sortant plus que jamais son carnet de croquis, Pierre a déambulé le long des canaux. Il a même pu dessiner à la terrasse vide du café Florian.
Pour leurs cinquante ans de mariage, un vieil ami gondolier, bel homme comme il se doit, les a embarqués pour une navigation personalisée. Nicolle en était encore toute émue : « Il a chanté spécialement pour nous ! »
La vie se recroqueville de nouveau, désormais dans la France entière. On perd l’habitude de se parler et l’avenir semble bouché. On nous évoque un vaccin à la télévision, mais sans rien de concret pour le moment. Cette crainte perpétuelle de la contamination est néfaste pour les jeunes. Ils ne sont pas en danger, mais ils accumulent les culpabilités. Gilles et moi serions pour un confinement des gens à risque comme les obèses, les diabétiques, les hypertendus et les personnes âgées, dont nous-même, naturellement. Le virus pourrait circuler avec un minimum de danger vital sans encombrer les hôpitaux en attendant une solution. Mais il parait que le sujet est tabou, je me demande pourquoi.
Les élections aux USA inquiètent le monde entier. Trump, candidat sortant, populiste républicain promet la lune et ment comme jamais. Biden, démocrate, essaie de pacifier un pays où la pandémie fait rage, mais il a 77 ans. De nombreux pro-Trump parlent de sortir les armes en cas de victoire de Biden. Donald Trump laisse entendre qu’en cas d’échec, il n’acceptera pas le verdict d’un scrutin qu’il estime truqué. Pendant ce temps, le monde s’étripe au nom des religions et la Chine voit s’ouvrir un boulevard pour imposer ses volontés.
Mathilde qui travaille à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière nous annonce un très probable reconfinement. L’impact sera désastreux. Ralentissement économique et chômage en progression. Déjà les contrats précaires sont touchés. Beaucoup ne mangent plus à leur faim, l’hiver arrive, ils ne pourront pas se chauffer. En général les crises atteignent les plus démunis, on leur accorde des miettes sans réaliser qu’on sème une haine qui couvera plus ou moins longtemps avant d’éclater en violence incontrôlable.
JMH m’a invitée à prendre un café avec un de ses amis spécialiste des manuscrits littéraires. Nous avons blagué, fenêtre ouverte. Nous avons évoqué les amours de M., l’incompétence en mécanique de JMH, le peintre Vegetti. Toute autre chose que la Covid. Quel plaisir !
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