Paris s’anime. Dimanche, beaucoup de monde dans le jardin du Palais-Royal. L’herbe est coupée, mais le sol n’est pas encore ratissé. Les roses fanées ont été ramassées. Un grand événement se prépare dans la cour du ministère de la Culture à côté des colonnes de Buren. Des structures métalliques, un podium, de gros câbles électriques. Pour la fête de la musique ? Ce serait une première depuis l’année dernière. Contraste saisissant, il y a dix jours, les lieux étaient déserts comme abandonnés.
Hier soir, le discours du président de la République a autorisé l’ouverture complète des bistrots et restaurants. J’ai retrouvé Danièle au Carrefour à côté du Bazar de l’Hôtel de Ville et nous nous sommes installées à l’intérieur, près d’une baie grande ouverte. Autour du carrefour qui a donné son nom au café, une noria de camions, un remue-ménage de voitures renouaient avec le bruit et les embouteillages d’avant confinement. Danièle jouait au flipper. Elle s’y est mise avec passion après une opération du genou qui l’a coincée durant de longs mois. Elle y a trouvé une fraternité, des compagnons de jeux originaux, hauts en couleur, issus de toutes les franges de la société, et aussi des internationaux installés dans le Marais. Danièle traduit l’œuvre de Byron, un travail de longue haleine. Ses traductions sont publiées aux éditions Otrante.
Juste avant le confinement, elle a rapidement pris quelques photos des habitués de ce bistrot, un des derniers de Paris où l’on peut se retrouver entre collègues ou amis debout devant le zinc à siroter un café ou un petit blanc. Elle a eu tout le temps de les peindre pendant ses deux mois et demi de confinement. Portraits spontanés pleins de vie et d’empathie pour ses modèles. Elle les avait apportés, suscitant une certaine agitation autour d’elle. L’un d’eux en était tout ému.
Des nouvelles de Sally. Contrairement à ce que je croyais, San Francisco est encore en confinement. Ils ne peuvent pas voir leurs enfants et petits-enfants. Juste à la sauvette sur le trottoir. C’est peut-être sage, puisque l’épidémie redémarre à Pékin et que nos neveux Damien et Minh sont immobilisés par un confinement strict à Singapour.
Nous attendons les élections et nous partirons le lendemain pour Tougin, sans savoir ce que l’avenir nous réserve. La frontière suisse s’est rouverte en début de semaine. Nous aurons la joie de revoir nos amis et d’aller faire un tour au bord du Léman.
Pour le moment, je vais à l’atelier en me battant contre les stations de métro fermées et les attentes d’autobus. Beaucoup de marche à pied. J’ai tout de même commencé un grand ciel d’été et je prépare doucement ma transhumance annuelle. Matériel de peinture, clés USB… Il faut penser à tout.
Les promenades dans le Jura et les baignades dans le lac seront les bienvenues. Si le temps s’y prête…
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