Naturellement, je me suis sentie concernée lorsque deux journalistes du journal Le Monde publièrent à l’automne un livre sur la ville de Trappes. Mon frère Hervé habite l’agglomération de Saint-Quentin en Yvelines depuis une quarantaine d’années. Son épouse est également impliquée dans des associations locales. Ils me prêtèrent le livre que j’ai lu d’une traite et je n’y ai pas trouvé trace de l’Opéra des enfants.

Écriture journalistique, phrases courtes, un art du suspense à travers le récit historique d’un village de grande banlieue devenu au fil des années une ville-dortoir pour émigrés. Un livre destiné à retenir l’attention, avec des images-chocs de voitures brûlées et des célébrités plus ou moins sulfureuses, Anelka, Djamel Debbouze, Omar Sy… Les auteures ont interviewé des responsables politiques, des commerçants, des personnages hauts en couleur. Chiffres et pourcentages à foison portent sur un a priori : Trappes serait devenue un repaire d’islamistes radicalisés, une couveuse à terroristes, l’équivalent de la ville belge de Molenbeek.

Réalité ou cliché ? Il faut éviter de se voiler la face, la violence peut se développer sous des apparences pacifiques. Mais beaucoup de conditionnels peu argumentés et surtout une absence de regard sur le quotidien des familles présentes dans la salle du théâtre de Saint Quentin m’ont paru étranges. La joie sans artifices qui jaillit de ces opéras ne peut pas mentir. Les évoquer aurait fait preuve de la part des auteures d’une salutaire résistance vis-à-vis des fondamentalistes musulmans, ennemis de toute musique, plutôt que de passer sous silence ces spectacles fédérateurs d’une joyeuse et savoureuse diversité

Fin.

Illustration : Mairie de Trappes.