En fait, aujourd’hui, de retour à Tougin, puis à Paris, j’éprouve quelques difficultés à me souvenir dans le détail de ces quelques jours à Magny-Lambert. Mais je peux vous assurer que mes craintes se sont avérées injustifiées.

La maison était véritablement magnifique. Un très grand salon, chaleureux, avec cheminée et flambée de bois, une très grande cuisine moderne où Julien nous mitonna avec les enfants de succulents repas, crêpes fourrées, gratin, quatre quarts aux poires, gâteau au chocolat, etc., de quoi prendre quelques kilos. Nous avons savouré nos petits déjeuners à l’intérieur sur la grande table de bois verni et les dîners sur la terrasse devant une colline ensoleillée et paisible. Un ou deux tracteurs, une ou deux voitures par jour. Le ballet tranquille des vaches qui trottinaient d’elles même vers la trayeuse. J’ai tout juste aperçu un fermier qui se rendait à la minuscule mairie submergée par les trente-six panneaux d’affichage de la campagne des Européennes. Les enfants ont sauté indéfiniment sur la trampoline tout en discutant. Que pouvaient-ils donc se raconter,.. leurs histoires d’école ?

 

 

Nous avons roulé vers le site d’Alésia (30 km tout de même !), réaménagé depuis notre dernier passage. Nous avons laissé les enfants et petits-enfants visiter le musée et la reconstitution du camp gaulois. Passionnant, nous ont-ils dit.

 

 

 

Nous sommes allés le lendemain visiter l’abbaye de Fontenay, lieu cistercien, remis en état et superbement entretenu par des cousins des Montgolfier, amis de nos enfants, ce qui les a laissés muets. On a vu l’église, la beauté dépouillée de ses piliers et de ses voûtes, le dortoir où, au Moyen-Age, les moines dormaient au sol tout habillés sur une paillasse et dont le manque d’hygiène était une ascèse… Dans la vaste forge, ils ont pu observer un énorme marteau actionné par une grande roue de bois entraînée par un mince filet d’eau. Le gravier du cloître et des jardins étincelaient de blancheur dans le soleil. Les buis étaient impeccablement taillés, il s’en dégageait une sorte de perfection, peut-être un peu anachronique. En tous cas, à passer devant la maison d’habitation des propriétaires, on devinait que la restauration de cette abbaye leur était une heureuse vocation.

 

Il serait trop long de détailler la visite à Montbard du musée Buffon. Nous avons eu la surprise de découvrir que les familles Buffon et Daubenton étaient amies et que le premier avait attiré le second à Paris. « Lumières » s’il en était, naturalistes, coauteurs de L’Histoire naturelle des animaux et créateurs du Jardin des Plantes à Paris.

 

 

 

 

 

Sur la route du retour, pas facile de trouver les Sources de la Seine… Le lieu appartient à la Ville de Paris, sorte d’autopromotion de Napoléon III par Haussmann, ce qui expliquait leur présence dans nos manuels scolaires. La grotte artificielle et les statues qui symbolisaient une féminité généreuse et aquatique bien typée de la fin du dix-neuvième siècle n’en étaient pas moins charmantes.

 

Oui, ce furent quatre jours heureux, savoureux  dans une campagne superbe, mais étrangement déserte. Après avoir traversé le Jura et pris le TGV quelques jours plus tard, nous avons débarqué gare de Lyon sur les rives de cette même Seine, un tantinet abasourdis par le bruit et la foule dont nous avions perdu l’habitude.

Fin.